Jeu horizontal : improvisez facilement SANS PENSER aux accords

Vous trouvez cela trop beau pour être vrai ? Écoutez cette phrase de Clifford Brown, dans son solo sur September Song :

À vue de nez, on dirait que Clifford Brown improvise globalement en Si bémol pendant 4 mesures, avec une petite touche bluesy.
Voici maintenant cette même phrase, dans son contexte harmonique :

Quelle surprise ! La grille est en fait très riche, elle comprend beaucoup d’accords, beaucoup de couleurs différentes… Cela ne s’entend pas du tout dans le jeu de Clifford, on dirait qu’il improvise sans se soucier des accords…

Serait-on devant un flagrant délit de filouterie !? Se pourrait-il qu’un grand jazzmen comme Clifford Brown, admiré pour son jeu si riche et sophistiqué, truande la grille sans que personne ne s’en rende compte ??

Je vous le confirme, et il n’est pas le seul à le faire. Si vous êtes abonnés à la chaîne Youtube de Jazzcomposer.fr, vous connaissez déjà cet exemple de Joey Di Francesco qui improvise sur la moitié de Fly Me To The Moon en n’utilisant que 2 gammes !

https://www.youtube.com/shorts/6-t_61KZEM4

Mais quelle est donc cette technique ? Comment la reproduire à notre tour, sans faire complètement n’importe quoi ?

Toutes les réponses sont dans cet article. Commençons avec…

… Un peu de théorie !

La majorité des standards de jazz sont écrits selon un cadre tonal. En résumé, pour construire la tonalité majeure, on sélectionne une note qui sera le centre tonal (aussi appelée « tonique »), et on utilise la gamme majeure en partant de cette note pour composer des mélodies :

On peut aussi harmoniser la gamme pour créer des accords (les « degrés« ), qui seront joués par la section rythmique :

Un petit détail très important pour la suite : pour constituer ces accords, on utilise seulement des notes de la gamme majeure de départ. On dit que les notes (et les accords) sont diatoniques, elles appartiennent à la tonalité, elles sont toutes issues de la même gamme.

Ensuite, ces accords s’alternent, tendent, détendent l’harmonie selon les notes qu’ils contiennent…

C’est l’harmonie tonale, empreinte d’une sonorité et d’un caractère propre, se distinguant d’autres systèmes d’harmonisation comme l’harmonie modale, ou atonale…

(Consultez cet article pour en savoir plus sur la construction de l’harmonie tonale)

La manière basique d’improviser, le jeu « vertical »

Parmi l’harmonisation de la gamme de Do majeure présentée ci-dessus, j’ai pioché 4 accords pour créer une progression tonale, que voici :

Prenez votre instrument et improvisez sur ces accords.

Alors ?

Je suis sûr que vous avez procédé ainsi :

  • vous avez étudié chaque accord séparément,
  • vous vous êtes demandé quelles sont ses notes, quelles gammes vous avez le droit d’employer dessus,
  • et vous vous êtes lancé dans une impro endiablée !

Cela devait donner quelque chose du style :

Vous ne vous en êtes pas rendus compte, mais vous avez appréhendé la progression d’accords d’une manière bien particulière. J’appelle cela le jeu « vertical », vous avez utilisé un outil harmonique (gamme, arpège) pour chaque accord.

C’est la manière de « penser » l’harmonie par défaut, elle a pour avantage de vous connecter à la section rythmique (vous jouez exactement le même contenu harmonique au même moment), et elle donne un jeu plutôt virtuose car vous multipliez les éléments harmoniques dans votre phrase.
Autant de pirouettes et galipettes harmoniques qui vous permettent de briller en société : « Et toc, vous avez vu comment je maîtrise bien mes gammes et mes arpèges ? »

Bien sûr, ce mode d’improvisation n’est pas sans inconvénients ! En effet, si, vous n’avez pas vos gammes et arpèges sous les doigts… Bonjour les dégâts. Également, à la longue, improviser seulement en jeu vertical peut paraître scolaire et mécanique.

Ce qu’on ne vous a sans doute jamais dit… C’est que ce n’est pas la seule manière d’aborder une progression d’accords !

La 2de manière de penser l’harmonie : le jeu « horizontal »

1. L’analyse de grille

Prenons un peu de recul par rapport à la progression d’accords, et interrogeons-nous : « Comment le compositeur s’y est-il pris pour créer sa grille ? ».
A-t’il mis de jolies couleurs un peu au hasard les unes après les autres, ou y a t’il une logique ?

Bien souvent, il y a une logique, et cette logique, c’est celle de l’harmonie tonale. Dans notre exemple, vous m’avez vu faire…

… J’ai sélectionné les Ier, vie, iid, et Ve degrés de la tonalité.

Dans la vraie vie, vous ne pourrez pas passer un coup de fil au compositeur de chaque morceau que vous jouerez, alors comment repérer par vous même le parcours tonal d’une grille que vous ne connaissez pas ?

En réalité, il n’y a pas 36 manières d’harmoniser un morceau. Certaines alternances sont trèèèès fréquentes (on les appelle les « cadences »). Plus vous vous intéresserez au fonctionnement de l’harmonie tonale, plus vous analyserez des grilles différentes, et plus vous trouverez votre chemin facilement et rapidement.
Je vous enseigne comment faire dans mon cours complet Harmonie Jazz : de la Théorie à l’Improvisation.

2. L’improvisation avec le jeu horizontal

En quoi cette analyse de grille nous facilite la vie ? Une fois cette petite étape franchie :

  • si les accords n’appartiennent pas à une seule et même tonalité —> jeu vertical (= selon chaque accord) ;
  • si les accords appartiennent à une seule et même tonalité, alors vous pouvez improviser de manière horizontale.

En quoi consiste le mode de jeu horizontal ? Comme les accords sont issus d’une même tonalité, ils ont été créés à partir du même réservoir de notes : la gamme majeure de la tonalité.
On peut donc tout à fait utiliser cette gamme pour improviser sur ces accords, on jouera forcément les « bonnes » notes ! Autrement dit, pas de risque de « fausses » notes.

Vous n’avez donc qu’à improviser, en utilisant seulement la gamme majeure… Sans vous soucier des accords !

Voici ce que ça donne :

Les avantages du jeu horizontal

Vous l’aurez deviné, improviser ainsi est diablement plus facile que le jeu vertical ! Votre esprit n’est plus encombré par tout un calcul des arpèges et modes afférents aux accords… Vous pouvez vous concentrer pleinement sur votre musicalité.

Comme vous utilisez une seule et même gamme, le son que vous obtenez est moins sinueux et vallonné que si vous utilisiez une gamme ou arpège différent pour chaque accord. Vos phrases ont un caractère plus mélodique qu’avec un mode de jeu vertical.

Ça paraît trop facile… Même si ça l’est, vous avez raison de vous méfier.

Les inconvénients du jeu horizontal

Vous l’aurez peut-être deviné, utiliser une seule gamme pour exprimer plusieurs accords est problématique.

Il y a une raison pour laquelle les différents accords de la tonalité sonnent différemment. Certes, nous partons d’une même gamme majeure pour les constituer, mais, pour chaque accord, nous ne prenons pas TOUTES les notes de la gamme pour les créer ! Les notes des accords sont les plus importantes, ce sont elles qu’on doit mettre en valeur dans notre impro, afin qu’on perçoive bien le rôle harmonique de l’accord (autrement dit sa « fonction », tendre ou détendre l’harmonie).

Ainsi, en jouant une seule gamme pour plusieurs accords, vous prenez le risque de jouer des notes étrangères aux accords spécifiques, ne plus faire sonner la progression et vous déconnecter de l’histoire harmonique qu’a voulu raconter le compositeur.

Également, vous vous désolidarisez de la section rythmique, ce qui n’est pas du plus bel effet.
Autre écueil, si vous abusez de ce mode de jeu, votre impro paraîtra monotone et plate.
Sans mentionner qu’il est beaucoup plus facile de se perdre sans être concentré à 100% sur les accords qui défilent !

Mais pourquoi le jeu horizontal fonctionne-t’il alors ?

Malgré tous ses défauts, malgré qu’on fasse parfois sonner les « mauvaises » notes sur certains accords, le jeu horizontal reste incroyablement efficace et convaincant, comme le montre l’exemple de Clifford Brown :

2e mesure, 3e et 4e temps, remarquez les notes : Fa#, Sol, Si b sur l’accord F7… Pas du tout les « bonnes » notes !

Pourquoi ? Car le son de la gamme de la tonalité du morceau est bien particulier, il est ancré dans notre oreille. Si votre phrase sonne, si elle utilise du vocabulaire simple et basique, sa puissance mélodique primera sur ses défauts harmoniques.

Et ce, particulièrement si vous ajoutez ce petit ingrédient en plus…

Utilisez les gammes blues pour donner un caractère explosif à votre jeu horizontal

Voici de nouveau la phrase de Clifford Brown :

Vous l’aurez sans doute remarqué, Clifford Brown n’utilise pas exactement la gamme majeure pour improviser horizontalement… Il utilise un vocabulaire blues.

Pourtant, la grille est tonale, à priori sans rapport avec le blues… Comment cela peut-il fonctionner ?

Revenons aux basiques :

Les deux gammes blues

Il existe deux gammes blues :

  • la gamme blues majeure ;
  • la gamme blues mineure.

On construit une gamme blues en partant d’une gamme pentatonique, à laquelle on ajoute une « blue note », note épicée, extrêmement dissonante qui donne tout son caractère plaintif au jeu blues.

Précisément, pour créer les gammes blues, on part des gammes :

  • pentatonique majeure pour la gamme blues majeure ;
  • pentatonique mineure pour la gamme blues mineure.

Pour créer ces gammes pentatoniques :

  • on part de la gamme majeure dont on enlève les notes dissonantes, la 4te et la 7e pour la gamme pentatonique majeure ;
  • on part de la gamme mineure naturelle dont on enlève les notes dissonantes, la 2de et la 6te pour la gamme pentatonique mineure.

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais la clé est ici. Pour créer une gamme blues, on part de la pentatonique correspondante elle-même issue d’une gamme parente, gamme servant à établir la tonalité et son harmonie.

On passe de la gamme majeure… :

… À la gamme pentatonique majeure… :

… À la gamme blues majeure :

Si on peut improviser de manière horizontale avec la gamme de la tonalité, on peut tout à fait le faire avec les gammes en découlant (pentatonique et blues).

Et c’est comme ça qu’on en arrive à ce genre de phrases, pensées simplement sur des progressions pourtant fournies :

Résumons :

  • Pour improviser ou composer des phrases sur une grille d’accords, on peut « penser » l’harmonie de deux manières :
    • verticalement, en utilisant un outil harmonique (gamme, arpège) pour chaque accord ;
    • horizontalement, en prenant la gamme de la tonalité de laquelle est issue la progression d’accords.
  • Ces deux pensées offrent deux sonorités différentes à exploiter dans vos impros :
    • plus virtuose et sinueuse en jeu vertical ;
    • plus mélodique et linéaire en jeu horizontal.
  • Pour improviser horizontalement, il est mieux d’avoir analysé sommairement la grille, pour ne pas utiliser la mauvaise gamme sur un bout de progression qui ne ferait pas partie de la tonalité.
  • N’abusez pas du jeu horizontal pour ne pas paraître déconnecté de la grille, ne pas vous perdre…
  • Utilisez les gammes pentatonique et blues pour varier de la gamme de la tonalité.

Si vous n’en avez jamais entendu parler, il y a des chances pour que cet article révolutionne votre manière d’appréhender les grilles d’accords, et vous ouvre de nouveaux horizons pour vos solos !
Partagez-le donc à vos collègues jazzwomen et jazzmen, pour qu’ils bénéficient également de ces conseils.

Pour intégrer cette modes de jeu à vos impros, je vous recommande de pratiquer les exercices que je donne dans mon cours complet : Harmonie Jazz, de la Théorie à l’Improvisation.
Dans ce cours, vous retrouverez le contenu de cet article en vidéo et sous forme de fiche récap’ pdf, et beaucoup d’autres notions comme celles-ci, indispensables pour improviser sur les grilles de jazz.

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Voicing drop 2 : le guide complet pour les jazzmen débutants

Les « drop 2 »… Au détour d’une conversation entre jazzmen, au cours d’un atelier jazz dans votre école… Vous en avez forcément entendu parler.
 Et si tout le monde en parle, ça doit être important !

Je vous l’affirme, ce type de répartition de note au sein d’un accord voicing » en anglais) est incontournable. Quel que soit le disque de jazz que vous écoutiez, il contient forcément des drop 2 quelque part ! 


Dans cet article, nous allons découvrir les drop 2 et leurs principales utilisations en arrangement, accompagnement et composition. En plus de nous donner des sonorités sophistiquées à explorer, ils vont nous tirer d’affaire dans une variété de situations…

Qu’est-ce qu’un voicing drop 2 ?

Pour construire un voicing drop 2, partons d’une autre disposition de voix : la position serrée.
Si ce terme ne vous évoque rien, consultez brièvement cet article avant de poursuivre votre lecture :

En cliquant, il s’ouvrira dans un nouvel onglet, vous pourrez revenir aux drops 2 en un clic.

Voici un Cmaj7 en position serrée :

Comme son nom l’indique, pour créer un voicing « drop 2 » à partir de cet accord, il suffit de prendre sa deuxième note en partant du haut et de la faire « tomber » (« to drop ») d’une octave. Voici maintenant les notes obtenues :

→→→

En écoutant le son de cet accord, on se rend compte qu’il est plus large, plus aérien. Il correspond maintenant à une position dite « ouverte » puisque l’intervalle entre certaines de ses notes est supérieur à la tierce.

Je vous vois venir : « Ça sonne super, mais c’est dommage que le Do ne soit plus la basse de l’accord… ». J’y viens !

Les différents renversements de l’accord de Cmaj7 et les voicings drop 2 correspondants.

Pour obtenir différentes basses pour notre Cmaj7 en drop 2, « renversons » notre accord de base, Cmaj7 en position fermée. Voici ses différents renversements :

Pour chaque renversement, basculons la 2de note en partant du haut d’une octave inférieure, pour créer des voicings drop 2 :

En prenant le second renversement de Cmaj7 et en appliquant la formule du drop 2 on se retrouve avec un accord ouvert dont la note Do (la fondamentale de notre accord), est bien la basse (= sa note la plus grave).

Écoutez la différence entre un Cmaj7 joué en position serrée, et cet accord :

Lequel préférez-vous ?

Comme nous venons de le voir, nous pouvons donc obtenir tout type d’accord sous cette forme du drop 2. Maintenant, découvrons à quoi tout cela peut bien servir.

Les différentes utilisations du voicing drop 2

Le drop 2, star de vos arrangements

Les voicings Drop 2 sont un outil privilégié de l’arrangeur, ils vont lui servir dans une variété de situations. 


En premier lieu, voici une application résolvant un problème concret : l’atteinte d’une limite d’ambitus d’un de vos instruments. Il n’est pas rare qu’au cours d’une harmonisation, quelques notes soient trop hautes ou basses pour qu’un de vos instruments puisse les jouer. Prenons pour exemple cette phrase, jouée par une section de cordes :

C’est une montée qui se termine sur une note aiguë. En harmonisant toute la phrase en positions serrées, on se rend compte que les notes de nos instruments graves tels que le violoncelle sont dans son registre aigu.
Compte tenu de la nuance demandée et du jeu en section, cela ne va pas convenir car joué dans ce registre, le violoncelle a globalement un caractère plus timbré et fort, qui convient mieux pour un passage en solo, lyrique. Il serait plus judicieux de rester dans les médiums de l’instrument.

Solution : ouvrons notre accord en utilisant la technique du drop 2. En faisant basculer d’une octave inférieure sa deuxième note en partant du haut, l’accord est maintenant plus étendu et sa nouvelle note la plus grave est située pile dans les médiums du violoncelle. Parfait !

(Remarquez au passage l’harmonisation en approches chromatiques, si vous voulez des détails, consultez cet article)

De manière générale, vous pouvez très bien utiliser les voicings drop 2 pour harmoniser un contre-chant ou une mélodie qu’on pourrait harmoniser sans problème en positions serrées. Votre choix sera motivé par la différence de caractère entre les deux techniques :

  • La position fermée donne un son assez compact, les instruments sont très proches au sein de la section et paraissent « soudés » :
  • La position ouverte est plus aérée :

Au final, c’est votre goût qui décidera de la disposition d’accord choisie !

Utilisez le drop 2 pour renforcer vos accompagnements

Il faut le savoir : si jamais vous jouez de la guitare, il y a de fortes chances pour que les accords que vous utilisez dans vos accompagnements (ou quand vous jouez en chord melody) correspondent déjà à des drop 2 :

Voicings de guitare typiques, en drop 2 !

Également, écoutez comment les grands pianistes utilisent les drop 2 pour enrichir leurs accompagnements et obtenir des phrases et harmonisations qu’il serait moins facile d’obtenir avec des positions serrées :

Vous pouvez entendre ce même exemple de Bill Evans dans cette petite vidéo d’Antoine Hervé :

Quel que soit votre instrument, si jamais vous n’avez pas l’habitude de les utiliser, familiarisez vous avec les drops 2 en prenant une grille que vous maîtrisez bien, et en vous forçant à disposer vos accords ainsi. Bien entendu, vous pouvez passer par l’écrit si la gymnastique mentale est trop ardue !

Je ne m’étends pas plus sur le sujet, qui pourrait être celui d’un article complet. Si jamais vous voulez en savoir plus, écrivez-le en commentaire !

Utilisez le drop 2 et obtenez des arpèges sophistiqués au sein de vos compositions

Si vous utilisez les arpèges des accords dans vos compositions et que vous trouvez que vous en avez fait le tour, alors les drop 2 tombent à pic ! Voici une illustration de leur utilisation dans une ligne mélodique dont vous pouvez vous inspirer. Il s’agit d’une musique de jeu vidéo du compositeur Eirik Suhrke :

Pour écouter la bande-son complète, par ici :

https://phlogiston.bandcamp.com/track/ice-caves-a-2

Conclusion

En résumé, voici ce que nous avons exploré dans cet article sur les voicings drop 2 :

  • Les drop 2 sont des voicings obtenus à partir des positions serrées en basculant la 2e note en partant du haut d’une octave inférieure
  • Ce sont des positions d’accord « ouvertes »
  • Ils sont utiles en arrangement pour obtenir une harmonisation plus aérée et pour contourner des limites de registre
  • Ils sont utiles en accompagnement pour obtenir un son plus ouvert et sophistiqué que la position fermée
  • Ils peuvent vous aider à renouveler les arpèges de vos compositions.

Si vous avez besoin de précisions sur l’un des sujets abordés ou si vous souhaitez explorer davantage ce sujet, n’hésitez pas à me le demander en commentaire !

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L’image de couverture a été générée par l’intelligence artificielle Stable Diffusion XL, avec cette instruction : « Representation of a piano keyboard, Piet Mondrian style »

Bix Beiderbecke : biographie, 3 transcriptions de solos à travailler

J’ai rédigé cet article pour TROMPETTISTE(S) MAGAZINE, la revue 100% trompette traitant aussi bien de classique que de jazz. Si vous êtes trompettiste et cherchez à vous cultiver sur votre instrument, découvrir ses virtuoses d’hier et d’aujourd’hui, abonnez-vous en suivant ce lien :

https://www.uniondestrompettistes.fr/

Cet article est le premier d’une série consacrée aux trompettistes de l’école « cool », courant stylistique encore bien en vogue aujourd’hui et s’opposant au jazz « hot ». La différence ? L’un est plus intimiste, réservé (on peut parfois le qualifier de « jazz de chambre »), l’autre explosif, exubérant, festif.

J’ai espoir que la plongée dans cet univers pourra vous inspirer, mener à la découverte de belles oeuvres musicales, et vous aider à façonner votre discours d’improvisateur grâce à l’étude de ceux des maîtres.

Commençons avec un trompettiste injustement méconnu, ayant pourtant une influence considérable sur ceux qui l’ont écouté et suivi : Bix Beiderbecke.

Bix Beiderbecke : Biographie

Débuts

Bix Beiderbecke, né le 10 mars 1903 à Davenport, Iowa, est un trompettiste et pianiste de jazz autodidacte. Issu d’une famille de la classe moyenne, son père, Bismark Herman Beiderbecke, dirige une entreprise prospère de combustibles et de bois de construction, tandis que sa mère, Agnes Jane Hilton, est une pianiste talentueuse. Dès son plus jeune âge, Bix démontre une oreille musicale exceptionnelle, apprenant à jouer du piano sans lire la musique.

En 1919, le frère de Bix acquiert une platine Victrola, et Bix est vite captivé par les enregistrements de jazz de l’époque, notamment par le son de la trompette, au sein de groupes phares tels que l’Original Dixieland Jass Band. Il reproduit ce qu’il entend au piano mais se procure rapidement un cornet, apprenant l’instrument sans professeur.

En 1921, il forme son premier orchestre, le Bix Beiderbecke Five. Son passage à l’Académie Militaire de Lake Forest en 1921 est écourté en raison de performances académiques insatisfaisantes et de démêlés dans des bars locaux.

1923-1927

Les années 1923 à 1927 marquent la période d’ascension de Bix dans le monde du jazz. En 1923, il rejoint le groupe des « Wolverines », dans lequel il joue principalement du cornet mais aussi parfois du piano, avec qui il enregistre ses premiers disques pour le label Gennett Records. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Frankie Trumbauer, spécialiste du saxophone en ut, avec qui il grave ses plus beaux sillons. À la même époque, il enregistre avec d’autres petites formations dont les « Sioux City Six », puis rejoint en 1925 l’orchestre de danse de Jean Goldkette (un pianiste classique reconverti en imprésario, qui en fait ne joue dans aucun des groupes portant son nom !).

Frankie Trumbauer et son saxophone en Ut.

En parallèle de son engagement avec Goldkette, il enregistre avec Frankie Trumbauer et son orchestre des morceaux mythiques tels que Singin’ the Blues en 1927, qui établissent sa réputation parmi les musiciens de jazz. Également en 1927, Bix intègre l’orchestre le plus connu de l’époque, celui de Paul Whiteman, surnommé alors le « Roi du Jazz » (Paul Whiteman a notamment commandé la Rhapsody in Blue à George Gershwin). Malgré des tensions liées au style musical, un jazz symphonique maniéré et enfermant, il continue d’enregistrer des solos mémorables (Barnacle Bill, Mississippi Mud…).

La dissolution de l’orchestre Goldkette en 1927 le conduit à jouer avec Adrian Rollini et les New Yorkers avant de rejoindre définitivement l’orchestre de Paul Whiteman. Une version romancée de l’histoire du trompettiste le décrira en artiste maudit, rongé par l’alcool et profondément affligé par cet engagement commercial le bridant dans sa créativité, mais à la vérité, Bix n’aurait pas été si mécontent de cet emploi fixe et bien payé !

1928 – 1931

Les années 1928 et 1929 sont marquées par une intense activité musicale, avec des enregistrements mémorables tels que Changes, San, et I’m Coming Virginia. Cependant, la santé de Bix commence à décliner en raison d’une consommation excessive d’alcool. En 1930, il enregistre des compositions originales, dont I’ll Be a Friend with Pleasure.
Les dernières années de Bix, de 1929 à 1931, sont assombries par une détérioration rapide de sa santé. Il décède le 6 août 1931 à l’âge de 28 ans des suites d’une pneumonie, résultat de son mode de vie autodestructeur.

Sa contribution au jazz, en tant que génie et pionnier, est indéniable. Il est un des premiers jazzmen à ouvrir la porte vers la musique impressionniste, comme le montrent ses pièces pour piano, Candlelights, In The Dark, Flashes, et sa plus célèbre In A Mist qu’il enregistre au piano en 1927. On ne peut qu’imaginer comment aurait évolué sa personnalité musicale au cours des années 30, et au delà…

Parenthèse sur le matériel

L’instrument de prédilection de Bix Beiderbecke était un cornet long Conn Victor 80A (un cuivre à la perce très large), qu’il jouait sans doute avec une embouchure Bach 7C. Ce cornet a la particularité de pouvoir être converti rapidement de la tonalité de Si bémol à La : on tire au maximum la coulisse d’accord qui est reliée à un mécanisme automatique permettant l’allongement simultané des 3 coulisses des pistons pour éviter les problèmes d’intonation. Il dispose également du mécanisme “opera-glass”, une deuxième coulisse d’accord verticale à vis sans fin placée à l’entrée du pavillon, vraisemblablement pensée comme le mécanisme d’ajustement d’accordage principal de l’instrument. 
Bix a aussi joué deux cornets Bach Stradivarius, avec son nom gravé sur le pavillon. Il est également photographié avec un cornet long Holton Clarke en main, l’orchestre de Paul Whiteman dans lequel il se produisait étant alors sponsorisé par cette marque, rien n’indique qu’il l’ait effectivement adopté.

Le cornet Conn Victor 80A restauré par Fabrice Wambergue de l’atelier W.

Vue de côté révélant une tige pour maintenir la coulisse d’accord et une meilleure vue du mécanisme entraînant les autres coulisses

Zoom sur le mécanisme d’accordage des coulisses des pistons et la coulisse d’accord opera-glass (avant restauration)

Pour zoomer sur les images, cliquez ici. Merci à Fabrice Wambergue de l’Atelier W à Montreuil pour ces images d’un cornet Conn Victor 80A de 1923 dont il a effectué une restauration en 2019 (plus d’infos sur son site internet).

3 relevés de solo et analyse de son jeu

Les premiers enregistrements de Bix Beiderbecke sont précieux, on y découvre un jeune artiste en recherche de son propre style. En écoutant Jazz Me Blues et Davenport Blues (1925), malgré un phrasé rythmique un peu gauche et une articulation et justesse perfectibles, on devine déjà une certaine sophistication qui va caractériser son jeu.

En 1927, pas de doute, le discours de Bix Beiderbecke est arrivé à maturation, comme le prouve son assurance et la classe qui imprègne ce qui est sans doute son plus beau solo sur Singin’ The Blues. J’aime aussi particulièrement ses solos sur Riverboat Shuffle et Way Down Yonder In New Orleans. Vous trouverez les transcriptions de ces 3 solos en fin d’article ↓ (clic droit sur l’image et « enregistrer sous » pour les télécharger).

Écoute des solos

Écoutez attentivement ces 3 solos, et prêtez attention au son de Bix, son articulation, et son sens du rythme :

Way Down Yonder In New Orleans :

Riverboat Shuffle :

Singin’ The Blues :

En écoutant attentivement ces 3 solos, on est d’abord frappé par le son du cornet, doux et velouté, un point commun à tous les trompettistes de l’école cool. Puis, c’est l’articulation du cornettiste qui force l’admiration, chaque phrase est rendue dynamique par un accent, une note piquée, ou une série de liaisons.

Enfin c’est seulement par l’écoute qu’on peut réellement saisir son aplomb rythmique. Bix est solidement ancré dans le tempo et ne manque pas de souligner les temps pour affermir la cohésion avec ses accompagnants, comme l’illustre un élément de langage récurrent de son vocabulaire, 3 noires jouées à la suite (voir Singin’ The Blues mesures 17 et 19, Way Down In New Orleans mesures 1 et 9, Riverboat Shuffle mesures 18 et 20) :

En outre, il n’hésite pas à employer le rythme du triolet de croches, chose peu répandue à l’époque. Un plan récurrent qu’il utilise à cet effet met en scène les 3 premières notes d’un accord de 7e montées avec un triolet (Way Down In New Orleans mesure 19, joué deux fois de suite dans Riverboat Shuffle à la mesure 17) :

La science harmonique de Bix Beiderbecke

Les transcriptions sont particulièrement utiles pour se rendre compte de sa maîtrise harmonique. On y découvre entre autres que Bix connaît sur le bout des doigts les arpèges des accords et les gammes afférentes, qu’il aime agrémenter de quelques chromatismes.

Sur un accord majeur, ses outils préférés sont les gamme pentatonique majeure et gamme blues majeure. Il alterne occasionnellement avec la gamme majeure, faisant ressortir des notes plus sophistiquées comme la 7e majeure ou la 2nde majeure (voir Way Down Yonder In New Orleans à la 3e mesure du solo ou Riverboat Shuffle sur tous les accords de Bb) :

(Nous sommes en La majeur, 3 dièses à la clé (Fa#, Do#, Sol#)

De manière générale, ses choix de notes correspondent principalement aux tétrades basiques des accords : fondamentale, 3ce, 5te, avec pour les accords majeurs la 6te et pour les accords « 7 » la 7e. Mais il s’aventure souvent du côté des extensions d’accord (9e, 11e, 13e*), ce qui est précoce pour l’époque. J’ai décrit ci-dessus son goût pour les 7e et 9e sur les accords majeurs, pour les accords « 7 », un bon exemple est la 3e mesure du solo de Singin’ The Blues où il fait sonner sur un C7 les 9e (Ré) et 13e (La puis La bémol) :

*
La 9e d’un accord correspond à la 2nde de la gamme, la 11e à la 4te, la 13e à la 6te.

Autre chose marquante, il n’hésite pas à isoler une note et la répéter, quitte à l’ancrer sur de longues plages comme avec la note Do des mesures 13 à 20 dans son solo sur Riverboat Shuffle. Il aime également alterner entre deux notes, prises au sein d’un accord (Way Down Yonder In New Orleans mesures 3 et 18, Riverboat Shuffle mesures 25 et 27-28), ou prendre une note grave (souvent Do ou Do dièse) qu’on entend parfois à peine et qui n’est souvent même pas notée sur les transcriptions (voir l’exemple ci-dessus sur l’accord A6 ou Singin’ the Blues mesures 7, 9 et 25, Riverboat Shuffle intro, mesures 12 et 23, Way Down Yonder In New Orleans mesures 4 et 26).

Ces éléments sont ceux qui m’ont le plus marqué, mais ces 3 solos sont des mines d’or de vocabulaire à vous approprier en les jouant encore, et encore ! Je remercie particulièrement l’excellent trompettiste et spécialiste de Bix Beiderbecke Malo Mazurié qui a mis à disposition les relevés de Singin’ The Blues et Riverboat Shuffle. Si vous souhaitez le remercier, faites un don sur son site internet et téléchargez d’autres transcriptions de Bix, Wynton Marsalis, Roy Hargrove… en plus de retrouver des informations sur sa musique (son nouvel album Takin’ the Plunge paraît ce mois-ci !). Malo m’a également conseillé la lecture de la biographie par Jean-Pierre Lion « Bix Beiderbecke, une biographie », et l’écoute d’Andy Schumm et Mike Davis qui perpétuent l’héritage de ce cornettiste outre-atlantique.

Bix Beiderbecke : 3 solos retranscrits

Clic droit sur l’image et « Enregistrer sous » pour la télécharger. Ces transcriptions sont présentées un ton en dessous de la hauteur réelle des notes, en tonalité de transposition Bb. Si vous désirez les transcriptions en Ut, en Eb, en clé de Fa… cliquez sur les liens ci-dessous :

Pour la partition en Ut, clé de Fa… Contactez Malo Mazurié ici.

Un lecteur averti me souligne que le Singin’ The Blues de Bix est composé par J. Russel Robinson et Con Conrad ! Le Singin’ The Blues de Melvin Endsley est un autre morceau…

Pour la partition en Ut, clé de Fa… Contactez Malo Mazurié ici.

Conclusion

Je remercie également Fabrice Wambergue de l’Atelier W à Montreuil pour les images du cornet Conn Victor 80A de 1923 comprises dans cet article, dont il a effectué une restauration en 2019 (plus d’infos sur son site internet : atelierwparis.com/restauration-cornet-conn-victor-1923).

Si Bix Beiderbecke vous intéresse, creusez mes autres sources : les relevés de Jacques Gilbert, bixography.com, et sa page française sur Wikipedia.

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people performing on stage

Jazz : les meilleures ressources en ligne pour progresser

Bonjour à vous cher(è) lectrice ou lecteur ! Si vous lisez cet article, vous voulez progresser dans votre pratique du jazz. Dans cette publication, j’ai voulu recenser les meilleures ressources en ligne à explorer pour vous aider dans ce but.

⚠️ Cet article est collaboratif : si une ressource vous a particulièrement aidé dans votre apprentissage et que vous aimeriez la partager avec le reste de la communauté, indiquez-la en commentaire, je l’ajouterai au corps de la publication ! ⚠️

Ces ressources sont classées par notion, puis par instrument, avec en premier lieu les sites francophones, puis anglophones.

Ressources générales

Commençons par le plus important, votre immersion dans l’univers du jazz. Plus vous en écouterez, de préférence en live, et mieux vous en jouerez ! Pour vous y aider :

Festival Jazz 360

Le site Festival Jazz 360 a pour but de recenser tous les festivals de jazz, en France et à travers le globe, avec la programmation, des infos pratiques sur chaque festival…
En prime, retrouvez des articles sur l’histoire du jazz, ses instruments, ses sous-styles…

Smalls Live

Et si vous pouviez vous connecter chaque soir à un des plus célèbres jazzclub au monde pour assister à des concerts d’artistes d’envergure internationale, se produisant à New York ? C’est ce que propose le club Smalls/Mezzrow, grâce à des retransmissions en direct de sa programmation sur Youtube ou sur le site. Accédez également à des centaines de concerts en archive sur Youtube.

Radio France

La programmation Jazz de Radio France est pleine de podcasts comme Open Jazz, Club Jazzafip
Pour rester à l’affût des dernières nouveautés, ou revivre des concerts incontournables.

Web Radios

Immergez-vous dans un océan de jazz grâce aux web radios TSF Jazz, Couleurs Jazz Radio, Art District Radio.

Progresser en Improvisation

En premier lieu, je ne saurai que vous recommander les nombreux articles et vidéos disponibles sur Jazzcomposer.fr ! Ceci étant dit, voici une sélection des ressources qui ont été les plus précieuses aux membres de la communauté :

Les exercices d’improvisation Eduardo Kohan

Plus de 100 exercices publiés depuis 2007 dans le mensuel Viva la Música de l’AMR (Association pour l’encouragement de la musique improvisée) à Genève.

La chaîne de Stan Laferrière & Docteur Jazz

« Chaîne officielle de Stan Laferrière, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre & du blog pédagogique Docteur Jazz »

La chaîne de David Sauzay

« Une chaîne pour partager des vidéos de live, de studio et beaucoup de cours pédagogiques pour découvrir ma philosophie ! »

CNP Music

Contient de nombreux cursus d’improvisation, entre autres cours (théorie, composition, analyses de standards…)

En anglais :

Progresser en Théorie

Jazzcomposer.fr

Jazzcomposer.fr est la 1ère ressource francophone dédiée à l’apprentissage de la théorie du Jazz. Épluchez la catégorie d’articles dédiée intitulée « Théorie » pour y trouver votre bonheur, ou pour un apprentissage approfondi, considérez les cours en lignes et méthodes.

Composer sa musique

Ces site et chaîne Youtube menées avec brio par Alex Koutso relèvent le défi de rendre l’apprentissage du solfège accessible et ludique !

Mamie-Note

Malheureusement, ce qui pourrait passer pour le meilleur site de vulgarisation de la théorie musicale n’est plus mis à jour par son créateur, n’ayant pas rencontré le succès escompté. Pourtant… Ça vaut le détour, particulièrement pour la bonne dose d’humour contenue dans les publications !

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Entrez en commentaire les ressources en ligne qui vous ont le plus aidé pour progresser en théorie.

En anglais :

Progresser en connaissance du Répertoire

Repassez-moi le standard

La superbe émission de Laurent Valero Repassez moi le standard revient à l’origine des standards en nous faisant découvrir de nombreuses versions, à travers les âges.

Be’swing

Be’swing est un groupe de jazz événementiel ayant eu la bonne idée d’ajouter à leur site un menu « Principe du jazz » comportant une section théorique avec accords, gammes…, mais surtout une section reprenant l’histoire du jazz condensée, et une autre avec des suggestions de groupes incontournables à écouter.

iReal Pro

Plus un outil qu’une ressource, l’appli iReal Pro est un allier de taille pour vous aider à progresser ! Outre son répertoire de grilles sans cesse alimenté, la possibilité d’écouter les accompagnements et de les varier (style/instrumentation), on apprécie l’outil de visualisation d’accords/gammes du morceau..

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En anglais :

Progresser en Oreille/Rythme

Jazzcomposer.fr

Jazzcomposer.fr vous propose un programme de relevé de lignes de basse, pour entraîner votre oreille à entendre cet instrument particulier ; et également un cours de Rythme.

EarMaster

La célèbre appli de reconnaissance de sons propose aussi des cours rythmiques.

Meludia

Meludia repose sur la méthode d’écoute SEMA – Sensations Emotions Mémoire Analyse – créée par Vincent Chaintrier. Fruit de 25 ans d’enseignement auprès de 3000 musiciens, meludia a reçu la médaille d’or du prestigieux concours Lépine en 2014.

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Progresser sur son Intrument

Ne jouant pas de tous les instruments, je ne peux pas inclure des ressources que je ne connais pas ! À vous de partager en commentaire les pédagogues qui vous font progresser, selon votre instrument. Merci d’avance !
(Si votre instrument ne figure pas à la liste, mentionnez-le, je l’ajouterai !)

Piano

En anglais :

Guitare

En anglais :

Saxophone – Clarinette

En anglais :

Trompette

En anglais :

Basse

Chant

En anglais :

Violon

Trombone

En anglais :

Batterie

En anglais :

Accordéon

En anglais :

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3 ERREURS que tout le monde fait sur ces standards : All Of Me, Bye Bye Blackbird, Take The A Train

Comme tout langage, le Jazz évolue avec le temps. On peut le constater en étudiant son harmonie, qui s’est progressivement colorée notamment grâce à l’utilisation des modes. Mais, comme nous allons le voir dans cet article, elle s’est également appauvrie au niveau de la variété des progressions d’accords. C’est particulièrement notable sur les grilles de ces 3 standards que vous connaissez à coup sûr : All Of Me, Bye Bye Blackbird, Take The A Train.
Sans le savoir, vous jouez sans doute des versions éloignées des compositions originelles, comportant peut-être des erreurs au niveau des accords ou carrément de la mélodie !

All Of Me (1931) – Gerald Marks & Seymour Simmons

All Of Me est un des standards de jazz les plus joués par les grands jazzmen, il a connu beaucoup d’harmonisations différentes selon les arrangeurs. Selon mes recherches, l’harmonisation originelle a tenu pendant environ deux décennies pour progressivement disparaître, entraînant carrément la modification d’une note du thème !

Seule la phrase de conclusion est concernée, la mesure 29 précisément. Prenons la tonalité de Do majeur, il est certain que vous jouiez cette phrase comme ceci :

Cela ne correspond pas à la version originale et celles qui ont suivi (notamment de Louis Armstrong, Dean Martin, Peggy Lee…). Au fil du temps, une note a changé, le La, qui de base était… bémol !

Remarquez que l’accord D-7 est modifié, il n’est plus adapté pour harmoniser la note La bémol. À la place, les compositeurs ont privilégié un D-7b5, qui peut être analysé en tant que iind degré, mais en Do mineur. Cette cadence est donc plus expressive qu’un simple ii V I en Do majeur, on esquisse un début de résolution en mineur en assombrissant l’harmonie, pour finalement résoudre de manière éclatante en majeur. C’est la même cadence qui conclue le standard Stella By Starlight.

Écoutez donc (D-7b5 – G7 – C6) :

Par rapport à la version communément jouée (D-7 – G7 – C6) :

Au final, je ne pense pas qu’on puisse considérer que jouer La bécarre soit une erreur, mais c’est certainement un appauvrissement, ce que je trouve dommage. Militons pour la réhabilitation du La bémol !

Take The A Train (1939) – Billy Strayhorn & Duke Ellington

Autre standard incontournable, Take The A Train a dès ses premières années d’existence été joué avec une erreur au sein de sa mélodie, que vous interprétez sans doute ainsi :

Au lieu de :

Duke Ellington maintient cette dernière version tout au long de sa carrière, malgré que d’illustres jazzmen jouent un Ré bécarre, Ella Fitzgerald en tête.

Le Ré bémol étant un chromatisme, il est plus délicat à faire sonner, et donne un caractère plus sinueux et imprévisible à la mélodie. Cela sied bien à l’histoire que raconte le thème, la description d’un trajet mouvementé en métro.

Faites-y attention la prochaine fois que vous jouerez ce thème !

Bye Bye Blackbird (1926) – Ray Henderson & Mort Dixon

Bye Bye Blackbird est l’exemple typique du standard de jazz composé dans les années 20 ayant traversé les âges et les styles, notamment grâce à des actualisations d’harmonisation.
On pourrait lui dédier un article entier, mais je ne vais vous parler ici que des 4 premières mesures.
Voici la mélodie et l’harmonisation originelle :

Faisons un bond dans le temps, voici la version communément jouée aujourd’hui, voyez-vous ce qui cloche ?

La deuxième mesure est harmonisée avec les iind et Ve degrés de la tonalité, la note Mi sonne maintenant comme la 13e de l’accord G7, ce qui est un véritable enrichissement. Le problème se trouve au niveau de la 4e mesure qui comprend la note Do, tonique, note de résolution à l’échelle de la tonalité, avec pour harmonisation un G7, le Ve degré de la tonalité, l’accord le plus tendu !
Cela ne fonctionne pas harmoniquement parlant.

Je pense que cette harmonisation est dérivée de celles de Miles Davis et John Coltrane, qui jouaient souvent ce thème avec pour ces 4 mesures seulement un Ier degré :

On comprend cette version en considérant leurs expérimentations du côté du jazz modal, notamment les morceaux de l’album Kind Of Blue comme So What ou Flamenco Sketches qui comprennent de longues plages d’un même accord.

Si vous accompagnez et tenez à jouer cette grille avec cette harmonisation, prenez garde à la mélodie et teintez le Ve degré de la 4e mesure d’une couleur 7sus4, cela résoudra le conflit harmonique.

Je vous conseille cependant de jouer et propager autour de vous l’harmonisation originelle, voire, si vous aimez l’aventure, de tester celle-ci issue d’enregistrements de Ben Webster ou Chet Baker :

Conclusion

De manière générale, si vous voulez vraiment maîtriser un morceau, il est nécessaire que vous soyez au fait de ses évolutions mélodiques et harmoniques pour pouvoir réagir dans diverses situations. Dans un contexte de jam, il n’est pas rare que les gens que vous côtoyez sur scène ne connaissent qu’une version précise du morceau. Si vous en jouez une différente, vous paraîtrez déconnecté·e du reste du groupe, à vous de vous adapter pour bien sonner.

Un bon réflexe à adopter est donc d’écouter de nombreuses versions des thèmes que vous souhaitez jouer, notamment la première enregistrée, et d’essayer de constater les changements d’harmonisations au fil du temps.
Vous apprendrez ainsi le langage à sa source et éviterez le prisme déformant des Realbooks ou d’Ireal Pro, outils bien pratiques mais truffés d’erreurs…

Bien sûr, cela nécessite que vous entraîniez votre oreille pour entendre ces changements de notes, voire d’harmonie. Ce n’est pas un travail facile, mais vous pouvez y arriver avec les bonnes méthodes et les bons outils. Si vous voulez progresser sur ce point, j’ai écrit un article complet sur le relevé de solo dont les conseils s’appliquent également à cet exercice. En prime, je vous donne le solo parfait à relever pour vous faire la main :

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Tout savoir sur le RELEVÉ de SOLO (astuces, outils, intérêt…)

J’ai rédigé cet article pour TROMPETTISTE(S) MAGAZINE, la revue 100% trompette traitant aussi bien de classique que de jazz. Si vous êtes trompettiste et cherchez à vous cultiver sur votre instrument, découvrir ses virtuoses d’hier et d’aujourd’hui, abonnez-vous en suivant ce lien :

https://www.uniondestrompettistes.fr/

En tant que jazzwoman ou jazzman, vous avez sans doute rencontré au cours de votre parcours un exercice délicat : le relevé de solo. Si jamais la difficulté de la tâche vous a découragé, ou que vous manquez de motivation pour vous y mettre sérieusement, cet article vous est destiné.
Et si jamais vous débutez en jazz et que vous n’avez jamais entendu parler de cet exercice, commençons par établir la base :

Qu’est-ce que le relevé de solo ?

Le relevé de solo est un exercice consistant à apprendre d’oreille un solo contenu dans un enregistrement, pour ensuite le jouer à notre tour le plus fidèlement possible. Au delà de la simple restitution des notes et des rythmes, vous devez incarner l’instrumentiste que vous relevez, en copiant toutes ses mimiques, ses erreurs, ses intentions de jeu, afin de vous en imprégner.

Vous pouvez aussi choisir d’écrire votre relevé sur une partition, on parlera alors de « transcription », cela peut être utile pour l’analyser dans le détail.

Rien ne vous oblige à relever un solo dans son entièreté. Vous pouvez cibler ce qui vous plaît le plus à l’intérieur, fût-ce une grille entière, une section, ou seulement une ou deux phrases… Également, rien ne vous oblige à relever exclusivement des solos de votre instrument. Comme je le précise ci-dessous, copier les grandes figures de votre instrument est essentiel pour s’inscrire dans sa tradition, mais de nombreux trompettistes ont innové en adaptant le vocabulaire de pianistes, de guitaristes, de saxophonistes…

Quel est l’intérêt du relevé de solo ?

Aux débuts du jazz, tous les outils pédagogiques dont nous disposons aujourd’hui (méthodes, écoles, vidéos sur internet…) n’existaient pas ! Pour apprendre, les musiciens devaient généralement écouter et répéter d’oreille les morceaux qu’ils voulaient jouer.
Ainsi, le grand trompettiste Louis Armstrong a commencé sa carrière avant de savoir lire une partition. Au sein des orchestres où il se produisait, il demandait à d’autres instrumentistes de lui jouer les mélodies qu’il retenait ensuite.

Le trompettiste et chanteur de jazz Louis Armstrong, 1953, Library of Congress Prints and Photographs Division

Cette tradition orale s’est étendue ensuite à l’improvisation, les jazzmen usant des 33 tours en repassant des passages en boucle afin de reproduire les phrases de Charlie Parker, Coleman Hawins… Ou bien sûr d’Armstrong, qui a été un des premiers à réserver une place centrale aux solos au sein de ses arrangements.

Le relevé est donc une manière d’apprendre à jouer du jazz alternative à la lecture d’une partition. Cette approche orale est beaucoup plus pratique que l’écrit pour apprécier toute l’étendue du jeu d’un instrumentiste : nuances, articulation, phrasé, intention… Elle est donc plus adaptée pour nous en imprégner à notre tour. Également, elle améliorera votre oreille, ce qui vous permettra de jouer plus facilement sans partition, d’entendre quand votre section rythmique réharmonise la grille, de jouer des riffs spontanés avec un autre soufflant…

Mais le relevé de solo est bien plus qu’une méthode d’apprentissage. Si vous écoutez beaucoup de jazz, vous avez pu remarquer qu’au fil du temps se forment de véritables lignées d’instrumentistes s’inscrivant dans le sillage les uns des autres. Par exemple, chez les trompettistes, Freddie Hubbard s’est inspiré de Lee Morgan, qui s’est lui-même inspiré de Clifford Brown, qui s’est lui même inspiré de Fats Navarro, etc…
Cette filiation s’entend d’emblée grâce aux timbres de leurs sons de trompettes, très riches et puissants. Mais en s’intéressant à leurs jeux, on remarque qu’ils contiennent des similitudes au niveau de la manière de phraser, d’articuler, d’ornementer… On remarque même de petits éléments de langage récurrents comme celui-ci :

Un exemple de Clifford Brown dans sa cadence à la fin de Once In A While.

Il s’agit d’un plan utilisant la gamme par tons qu’on peut même entendre chez des trompettistes plus modernes comme Wynton Marsalis. Ce fragment de langage traversant les âges est la preuve concrète que les plus grands jazzmen écoutent leurs aînés et leurs piquent des idées pour alimenter leur vocabulaire, et innover à partir de cette base.

En relevant vous aussi les solos des jazzmen que vous vénérez, vous vous forgerez un véritable style de jeu qui vous caractérisera en tant qu’instrumentiste.

Quels sont les difficultés du relevé de solo, et comment les surmonter ?

Si vous vous y êtes déjà essayé, vous savez que relever un solo est loin d’être une tâche facile ! J’ai sélectionné quelques problèmes que vous pourriez rencontrer en vous donnant à chaque fois des conseils pour les résoudre.

1. Relever des solos est difficile car les jazzmen sont virtuoses…

Certes, nous avons tous et toutes dans l’oreille des solos de Dizzie Gillespie ou Freddie Hubbard débitant des double-croches par centaines et stationnant des heures durant au-dessus du contre-ut… Cependant, plus que tout autre instrument ayant marqué le jazz, la trompette est également reconnue pour ses qualités mélodiques. Cet instrument possède donc un grand répertoire de solos accessibles, voici quelques exemples :

  • Le trompettiste Chet Baker est reconnu pour ses qualités de mélodiste. N’étant pas un grand technicien, ce qu’il a produit s’avère facile à jouer même quand on débute sur l’instrument. Je vous recommande tous les solos des albums Chet Baker Quartet featuring Russ Freeman, Chet Baker Sings, Chet.
  • Doté d’une meilleure technique, Miles Davis est également un poète de l’instrument. Ses solos sur Four, Solar, On Green Dolphin Street, So What, Freddie Freeloader… sont des incontournables.
  • Enfin, je vous suggère de relever un trompettiste beaucoup moins connu, mais tout aussi pertinent quand on débute : Harry « Sweets » Edison. Il s’est notamment illustré dans le pupitre de trompettes de l’orchestre de Count Basie, ou accompagnant Billie Holiday, il a rendu iconique le son de la sourdine harmon avec extension wah wah. Tous ses solos sont de véritables leçons de swing, écoutez et relevez tout l’album Patented By Edison.

Photo portrait of American jazz trumpeter Chet Baker, 1955, Distributed by Joe Glaser’s Associated Booking Corporation

Miles Davis à Antibes dans la nuit du 26 au 27 juillet 1963. À gauche, Ron Carter. À droite, Tony Williams, Own Work, Mallory1180, CC 4.0

American jazz trumpeter Harry « Sweets » Edison in Paris, France, 5 May 1980, Own work, Lionel Decoster, CC 3.0

2. Retrouver les notes nécessite une bonne oreille.

Sur ce point, il n’y a pas de raccourcis, il faut entraîner votre oreille pour reconnaître les notes jouées dans le solo. Bonne nouvelle : plus vous le ferez, plus ce sera facile !

Dans un premier temps, vous pouvez vous aider de votre instrument ou d’un piano et comparer les notes que vous jouez à celles qui sont jouées sur l’enregistrement. Mais à terme, votre objectif doit être, à partir de la première note jouée, de pouvoir déduire les autres sans aide extérieure, en reconnaissant les intervalles qui les séparent. Cette compétence s’appelle l’oreille relative, il existe de nombreux logiciels et applications conçus pour l’entraîner (je recommande Chet et Ella sur iOS, Complete Ear Trainer sur Android).

L’oreille absolue, soit la capacité de reconnaître la hauteur d’une note sans référence préalable, est un excellent outil qui vous aidera énormément pour relever plus facilement, mais vous pouvez très bien vous en sortir sans. Je vous encourage à la développer si vous êtes jeune et que vous entendez déjà quelques notes (par exemple le La ou le Do). Sinon, concentrez vos efforts sur le développement de votre oreille relative.

Laissez-moi vous donner un dernier conseil, basé sur mon expérience personnelle :

Au début de mon parcours, je m’étais mis en tête de relever un morceau de Bill Evans pour pouvoir le rejouer au piano. Mais, avec au moins 7 sons différents par accord, tout ce que je parvenais à entendre était un vaste brouillard sonore, très joli, mais complètement flou ! J’ai donc abandonné.
Quelques mois plus tard, j’ai lu par curiosité le Jazz Piano Book de Mark Levine (l’auteur du Jazz Theory Book). J’ai reproduit non sans mal mais avec grand plaisir les voicings sophistiqués, techniques d’harmonisation, modes alambiqués qu’il contenait. Par hasard, je suis ensuite revenu à mon relevé abandonné, pour me rendre compte avec stupeur que j’arrivais maintenant à distinguer avec précision ce que jouait Bill Evans.
Mais, plus puissant encore, partant de mes nouvelles connaissances théoriques et de ma mémoire des sonorités que je m’étais habitué à jouer, j’arrivais à déduire en avance les notes intermédiaires des voicings, ce qui s’avérait particulièrement utile quand elles n’étaient pas jouées très fortes.

Pour arriver à ce stade-là vous aussi, je vous conseille de chanter les thèmes, solos, gammes, modes, arpèges… que vous apprenez pour les ancrer dans votre oreille. Soyez curieux, plus vous jouerez de formes différentes, plus vous serez à même de les reconnaître dans le discours d’instrumentistes.

4. Relever les rythmes exacts est un vrai casse-tête !

À se focaliser sur les hauteurs de notes, on en oublie vite le rythme, discipline dans laquelle les jazzmen excellent particulièrement. Le même conseil énoncé ci-dessus s’applique : habituez-vous à jouer une multitude de figures rythmiques dans des débits variés.

Par exemple, si vous ne savez pas ce qu’est un triolet de noire et ne savez pas le noter sur une partition… vous ne pourrez pas l’entendre comme tel au cours d’un solo, et le confondrez avec un autre, proche, que vous avez dans l’oreille comme croche – noire – croche. Ce qui vous amènerait à penser, par dessus le marché, que l’instrumentiste n’est pas précis !

Également, les trompettistes et les saxophonistes ont tendance à se placer en arrière du temps, et donc à jouer des phrases qui vous paraîtront « en retard ». Sur une partition, notez le rythme tel qu’il a été pensé par l’instrumentiste même s’il a été exécuté avec un placement farfelu.

Généralement, tout ce que jouent les jazzmen est quantifiable, donc peut se noter avec des valeurs rythmiques traditionnelles… Même s’il faut parfois reconstituer ce qu’a « pensé » l’instrumentiste. Encore une fois, votre culture rythmique va vous y aider, c’est aussi à cet effet que j’ai créé le cours complet de rythme de Jazzcomposer.fr.

5. Le solo que je relève est particulièrement difficile. Existe-t’il des outils pour m’aider ?

Quand vous relèverez des virtuoses comme le trompettiste Clifford Brown ou le saxophoniste Charlie Parker, vous rencontrerez forcément une phrase trop rapide pour pouvoir être relevée. Je vous conseille de prendre comme source un morceau hébergé sur la plateforme Youtube et d’y ralentir l’audio en allant dans les paramètres du lecteur (la petite roue crantée) et « Vitesse de lecture ».

Si vous avez accès au fichier audio sur votre ordinateur ou téléphone, le logiciel open-source VLC vous donne encore plus de flexibilité pour ce faire, en allant dans le menu « Lecture » et en ajustant le paramètre « Vitesse de lecture ».

Si vous vous perdez dans un solo contenant de longues phrases alambiquées, vous pouvez vous aider d’un logiciel comme Audacity pour réaliser un marquage des mesures, et ainsi procéder étape par étape.

Importez votre fichier audio dans le logiciel, lancez la lecture et maintenez les touches « CTRL » et « MAJ » (ou « CMD » et « MAJ » si vous êtes sur Mac) appuyés. À chaque début de mesure, appuyez sur la touche « . ; » de votre clavier. Un marqueur apparaîtra sur une piste dédiée, vous pourrez même le renommer pour indiquer le numéro de la mesure par rapport à la grille.

Sélectionnez ensuite la ou les mesures qui vous intéressent en cliquant (sur la piste audio) à l’emplacement d’un marqueur et en déplaçant votre curseur jusqu’au marqueur suivant (en maintenant le clic appuyé). En lançant la lecture, vous n’entendrez que les mesures qui vous intéressent. Vous pouvez même faire tourner cette région en boucle en appuyant sur la touche « L » et en lançant la lecture.

Enfin, si vous avez jeté votre dévolu sur un enregistrement ancien ou mal mixé, vous peinerez à entendre distinctement l’instrumentiste que vous relevez (c’est particulièrement avec les contrebassistes). Malheureusement, on peut rarement faire des miracles pour améliorer la qualité d’un fichier audio. Je vous conseillerai donc de prime abord de relever des solos contenus dans des disques enregistrés en studio, à partir des années 50.

Mais… Ce n’est pas tout à fait vrai, il existe bien une solution qui tient du miracle pour extirper un instrument noyé dans un mauvais mix : l’intelligence artificielle ! Ainsi, il existe depuis peu des logiciels permettant d’isoler des instruments au sein d’un enregistrement, notamment l’application Moses.ai ou le site internet Lalal.ai.
Cela fonctionne particulièrement bien avec des morceaux récents et des instrumentations traditionnelles.

Soit dit en passant, vous pouvez également vous servir de ces applications pour créer des playbacks de rêve à partir d’enregistrements célèbres, en retirant du mix l’instrument soliste…

Faites-un essai en cliquant sur l’image ci-contre :

lalal

Tous les outils cités dans cette partie vont vous aider à relever plus facilement, mais attention à ne pas vous en servir comme béquilles ! Sauf cas exceptionnellement ardu, vous devez à terme être capable de relever comme les jazzmen qui vous ont précédé, uniquement avec l’enregistrement et du papier à musique.

Conclusion

J’espère que cet article a répondu à toutes vos questions concernant le relevé de solo, et a pu vous donner des pistes pour résoudre les problèmes que vous rencontrez en faisant cet exercice.

Pour conclure, j’aimerais vous donner une mission, en particulier si vous n’avez jamais relevé de solo de votre vie. J’ai déniché le solo parfait pour vous mettre le pied à l’étrier, il s’agit de 2 grilles de blues en Do jouées par le trompettiste Clark Terry lors d’une masterclass donnée à la RTS en 1969 :

Clark Terry fait la démonstration d’une improvisation sur le blues en n’utilisant qu’une seule note dans la 1ère grille, 2 notes dans la 2e, et 3 dans la 3e (mais elle est moins bien, arrêtez-vous à la 2e). Vous ne devriez donc pas avoir de soucis à entendre les hauteurs de notes, et pourrez pleinement vous concentrer sur le rythme. Précision : le morceau commence à 1’19, sachant que Clark Terry commence à jouer à la 5e mesure de la première grille.

Vous trouverez la transcription de ce solo à cette page :

https://jazzcomposer.fr/wp-content/uploads/2022/12/Clark_Terry_solo_rythmique.pdf

Comme d’habitude, si cet article vous a appris des choses, partagez-le à vos collègues jazzwomen et jazzmen ! Pour ne manquer aucune publication de Jazzcomposer.fr, abonnez-vous à la newsletter hebdomadaire :

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Et vous, quel est votre niveau en rythme ?

Chère lectrice, cher lecteur, si vous me suivez depuis les débuts de Jazzcomposer.fr, vous savez que j’attache une importance particulière au RYTHME.

Tout jazzman pourra vous le confirmer, le rythme, en jazz, c’est important. Peut-être même plus que connaître l’harmonie des grilles, c’est dire !

Mais voilà : là où les ressources pour progresser en harmonie sont légion (on ne compte plus le nombre de livres d’harmonie qui vous mèneront de zéro à Brad Mehldau), côté rythme… ce n’est pas la même histoire.

Sans ouvrages ou méthodes de référence connus et répandus, comment vous auto-évaluer ? Comment savoir précisément quelles sont vos lacunes ? Quels points clés travailler pour vous améliorer ?

Pour répondre à ces questions, je vous propose dans cet article de passer en revue toutes les compétences (ou presque) que renferme la maîtrise du rythme, en jazz. J’en ai listé 6, que j’ai classé par ordre d’importance.

Après avoir lu tout cela, je vous garantis que vous saurez exactement quoi travailler pour progresser en rythme !

1. Connaître les différentes rythmiques

À la base de toute votre pratique du rythme se trouve… La musique. Chaque morceau que vous jouez s’inscrit dans une esthétique musicale, dont découle une rythmique particulière.

Vous conviendrez qu’un morceau de Louis Armstrong n’a rien à voir avec un morceau de Michael Jackson. Au-delà de l’époque et de l’instrumentation, la différence principale entre les deux esthétiques se trouve au niveau des rythmiques, et ce qui les caractérise :

  • Le tempo ;
  • La découpe du temps (binaire, ternaire, entre les deux ?)
  • La métrique ;
  • Des claves/vamps/riffs caractéristiques ;

Si je viens de vous perdre avec ces quelques mots de vocabulaire, ouvrez le lexique essentiel de la théorie du jazz de Jazzcomposer.fr (cliquer sur ce lien ouvrira l’article dans un nouvel onglet).

Cette première compétence fait donc appel à votre culture musicale. Le jazz est une musique métissée, née de fusions et ayant fait éclore une multitude de sous-styles. Si vous connaissez les caractéristiques de ces esthétiques, alors vous pouvez comprendre ce que joue la section rythmique de votre groupe, et ainsi jouer avec elle, sonner « en place », vous amuser avec elle…

Concrètement, en développant votre connaissance de ces différentes rythmiques, vous connaîtrez les différents canevas sur lesquels placer vos notes rythmiquement. C’est primordial, car comme vous pourrez le lire dans le point suivant, tout ce que vous jouez doit être « quantifiable », donc s’aligner avec le débit et le tempo que joue la rythmique.

Voici plusieurs paliers de maîtrise de cette compétence :

Niveau 1

Vous connaissez les rythmiques de base des styles les plus courants :

  • Le swing

Splanky, Count Basie Orchestra

  • La bossa-nova

Wave, A. C. Jobim

  • Les rythmiques binaires dérivées de la bossa et du rock (« even eights » en anglais, pour « croches binaires »)

Cold Duck Time, Eddie Harris

Niveau 2

Vous connaissez les rythmiques jouées moins fréquemment dans notre pratique du jazz :

  • Les rythmiques afro-cubaines

African Skies, Michael Brecker

  • Le rock/funk

Sex Machine, James Brown

  • La Samba

Som De Carnaval (Percussão E Batuque), Baden Powell

  • La musique cubaine

The Latin Trane, Arturo Sandoval

Niveau 3

Vous connaissez des rythmiques spéciales, spécifiques à un morceau ou un groupe :

  • La rythmique du morceau Pensativa

Pensativa, Art Blakey & The Jazz Messengers

  • Des rythmiques binaires dérivées de la bossa mais plus libres et ouvertes

Bright Size Life, Pat Metheny

  • Le Flamenco
  • Le Tango

Tango Magnifique, Lars Danielsson

Bien sûr, cette liste est non-exhaustive, mais le principal est là.

Pour maîtriser ces rythmiques, vous devez être en mesure de répondre à ces questions :

  • Quel est la métrique de base de cette rythmique ?
  • Quel est le tempo dans lequel elle est principalement jouée ?
  • En quel débit est découpé le temps, quel est le nombre de subdivisions ? (Si le temps est découpé en 2 croches ou 4 double-croches -> la rythmique est binaire. S’il est découpé en 3 croches -> la rythmique est ternaire)
  • Y a-t-il une clave à connaître ?

Une fois que ces différents paramètres seront clairs pour vous, il sera temps de pratiquer. Voici un exercice que j’apprécie :

Prenez un enregistrement connu et reconnu, caractéristique du style que vous souhaitez maîtriser. Entraînez-vous à jouer sur l’enregistrement des phrases dans le débit de base de la rythmique. Ici, l’essentiel n’est pas le choix de vos notes par rapport à la grille, concentrez-vous sur la sensation d’être « en place » avec les grands jazzmen qui vous accompagnent.

2. Savoir jouer dans tous les débits

Le débit de notes est le nombre de notes que vous jouez dans votre phrase. Plus il est grand, plus vous jouez de notes.
En musique, « les débits » sont les unités de mesure de la durée de vos notes.

Voici les principaux :

Si vous avez besoin de précisions pour maîtriser ces différents débits, indiquez-le en commentaire de cet article ! J’en écrirai un dédié si le besoin est partagé.

Pour « jouer en place », toutes vos notes doivent être quantifiées. Ce mot doit vous parler si utilisez logiciels de MAO, sinon, laissez moi vous expliquer en d’autres termes :

Chaque note que vous jouez doit correspondre précisément à une subdivision du temps. Si ce que vous jouez flotte entre différents débits sans jamais se raccrocher à un précisément, alors vous ne serez pas précis·e rythmiquement.

Quand vous relevez les grands jazzmen, il n’y a jamais de doute quant au débit de leurs notes. Par exemple, vous pouvez toujours dire qu’ils jouent ce segment de phrase en triolets de noire, puis en croches, en double-croches, etc…

Pour maîtriser cette compétence, voici différents paliers :

Niveau 1

Vous jouez et pouvez alterner différents débits de base :

  • Noires

Twenty – Forty, Harry « Sweets » Edison

  • Croches

So What, Miles Davis

  • Blanches
  • Rondes
  • Noires pointées

Niveau 2

Vous jouez des débits avancés, plus rapides et virtuoses :

  • Triolets de croches

Delilah, Clifford Brown

  • Double-croches*

Sandu, Clifford Brown

*J’ai choisi exprès un extrait commençant avec une majorité de débit de triolet de croche, pour que vous entendiez bien la différence avec les double-croches qui viennent ensuite

  • Sextolets
  • Triples croches

Niveau 3

Vous pouvez superposer des débits ternaires sur une rythmique binaire et inversement :

  • Croches binaires et Double-croches sur une rythmique swing :
    (Voir exemple précédent)
  • Triolets de noire sur une rythmique binaire*

Girl From Ipanema, Big Band MDK Sokolov

*Cet extrait commence par 4 mesures de noires et croches binaires. Écoutez bien la différence avec le débit ternaire des triolets de noire qui vient ensuite.

  • Duolets/Quartolets de croches/noires sur une rythmique ternaire :

Footprints, Bobby Matos and his Afro-Cuban Jazz Ensemble

4. Être à l’aise dans tous les Tempos…

Le tempo est la vitesse du morceau, il se calcule en bpm (battements par minute) et correspond à un débit particulier. Par exemple :

Noire = 120 signifie que 120 noires se succéderont en 1 minute.

Il faut absolument vous entraîner à jouer à tous les tempos, car nous sommes naturellement à l’aise sur certains, et d’autres, beaucoup moins.
Sur des tempos que nous ne maîtrisons pas, nous avons tendance à presser ou ralentir, donc à se raccrocher à un tempo sur lequel nous sommes plus confortables… Si vous ne jouez pas dans le même tempo que le reste du groupe, vous n’allez pas sonner « en place ».

Voici différents paliers de maîtrise :

Niveau 1

Vous pouvez jouer des tempos Medium compris entre 100 – 150 bpm

Niveau 2

Vous pouvez jouer des tempos extrêmes : Medium-Up (150 – 200), Up (200 – ??), et Ballad (60 – 100)

Niveau 3

Vous réussissez à changer de tempo en cours de morceau. L’exemple le plus courant est de doubler le tempo quand on joue une balade, voici un exemple (écoutez à partir de 2’35) :

Également, il est important de savoir jouer en tempo sans rythmique (un bon exemple du saxophoniste Chris Potter ici).
Comme pour la maîtrise des débits, si vous voulez caler votre horloge interne sur celle des autres, encore faut-il qu’elle soit stable, et régulière. Il vous faut donc travailler sans l’aide d’un play-back pour consolider ce tempo intérieur (un exercice privilégié des jazzmen est d’utiliser un métronome en le faisant sonner seulement sur le 1er temps de la mesure).

5. … Et toutes les Métriques

La métrique est le nombre de temps dans une mesure. Une métrique impaire ne va pas donner les mêmes sensations qu’une rythmique paire, on y est souvent moins confortable, et on risque plus facilement de se perdre dans la mesure !

Niveau 1

Vous maîtrisez le 4 temps, autant ternaire (swing, afro-cubain) que binaire (bossa-nova, funk…)

Niveau 2

Vous jouez sans vous perdre en 3 temps (par exemple : Someday My Prince Will Come) et en 5 temps (comme l’emblématique Take Five).

Niveau 3

Vous jouez des métriques impaires complexes : 7 temps, 9 temps…

5. Bien gérer son Placement

Cette compétence est un peu la cerise sur le gâteau. Travaillez-la quand vous maîtriserez les précédentes, au moins jusqu’au niveau 2 pour chaque.

Le placement rejoint la compétence n° 3 du tempo, mais à une échelle plus réduite. Il va déterminer si vous placez vos notes soit précisément sur le temps, soit en arrière du temps (laid-back), ou en avant du temps.

Par exemple, le saxophoniste Dexter Gordon a un des placements les plus laid-back qu’on puisse entendre dans un disque de jazz, il est à la limite de ne plus sonner en place :

Pour bien entendre la différence avec un placement moins laid-back, écoutez la version de Charlie Parker du même morceau :

Entendre et arriver à appliquer ces différents placements prend du temps et de l’entraînement.
Par chance, j’ai écrit un article complet sur le sujet !

6. Inscrire son discours dans un Langage

Enfin, la maîtrise de cette dernière compétence sépare l’apprenti jazzman du maître.
Elle fait de nouveau appel à votre culture musicale pour développer votre vocabulaire rythmique, et enrichir votre jeu d’éléments de langage d’une esthétique en particulier.

Ces éléments de langage vous permettront de raconter votre histoire d’une manière élégante, avec des mots justes, et des phrases bien rythmées. C’est comparable à l’apprentissage d’une langue, comme l’anglais, quel plaisir d’employer les élégantes formules « Good Morning » ou « Good Evening » en substitution du traditionnel et fade « Hello ».

Voici différents paliers, avec des exemples :

Niveau 1

Vous maîtrisez les placements rythmiques de base. Par exemple, en swing :

  • Commencer et terminer ses phrases en sur les contretemps (« en l’air »).
  • Commencer et terminer ses phrases sur le 4e temps de la mesure.

Écoutez ce solo de Charlie Parker sur Au Privave. Toutes ses phrases suivent les deux paramètres ci-dessus ! (écoutez à partir de 0’29)

Également, à ce niveau, vous connaissez les claves principales et arrivez à les utiliser dans vos solos :

  • Le pattern basique de bossa nova
  • les claves son cubaines :
  • Ce pattern caractéristique du be-bop :

Billie’s Bounce, Charlie Parker

Niveau 2

Vous jouez des clichés rythmiques plus virtuoses, comme les Ornements, qui vous permettront d’insérer des triolets de croche ou des double-croches au sein d’une phrase en croches.

Pour apprendre à ornementer vos phrases, regardez cette vidéo complète :

Niveau 3

À ce stade, vous connaissez de spectaculaires groupes rythmiques et équivalences, et pouvez les utiliser dans vos solos ! (Suivez les liens pour ouvrir les articles correspondants)

Et maintenant ? Que devez-vous travailler pour progresser en rythme ?

Alors, quel est votre niveau en rythme ? À quels paliers de ces 6 compétences vous situez-vous ?

  1. Connaître les différentes Rythmiques
  2. Savoir jouer dans tous les Débits
  3. Être à l’aise dans tous les Tempos…
  4. … Et toutes les Métriques
  5. Bien gérer son Placement
  6. Inscrire son discours dans un Langage

Selon votre profil de musicien ou musicienne, vous pouvez approcher votre pratique du rythme de différentes manières :

  • Si vous êtes amené·e à jouer beaucoup d’esthétiques différentes, consolidez les 1ère et 2e compétences pour chacune d’elle avant de passer aux autres ;
  • Si vous ne jouez qu’une ou deux esthétiques, alors vous pouvez avancer plus vite et vous renforcer sur des tempos extrêmes, des métriques impaires, votre placement et votre langage.

Quoi qu’il en soit, je vous encourage vivement à vous mettre à travailler le rythme si vous ne le faites pas déjà ! Vous sonnerez mieux et plus en phase avec le reste du groupe.

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Si vous avez une interrogation particulière concernant cet article, indiquez-la en commentaire, je vous répondrai avec plaisir.

Crédit photo : Portrait_of_Max_Roach,Three_Deuces,_New_York,_N.Y.,_ca._Oct._1947, William P. Gottlieb, Domaine Public

Débuter l’arrangement grâce aux voicings en position serrée/fermée

Laissez-moi deviner… Vous devez harmoniser une mélodie ou des contrechants (« backs ») pour une section de 4 instruments accompagnés d’une rythmique ?
Vous ne savez pas comment vous y prendre et avez peur de passer de longues heures à tester des harmonisations à l’aveugle, pour un résultat final peu convaincant ?
Et vous avez atterri sur cette page en quête d’une méthode infaillible et simple à mettre en oeuvre pour vous sortir d’affaire ?

Rassurez-vous, il existe bel et bien une position d’accord (« un voicing ») utilisée par tous·tes les arrangeuses et arrangeurs pour écrire à 4 voix sans se prendre la tête.

Elle s’applique à tous les instruments : section de cuivres, quatuor à cordes, choeur, pourquoi pas des bois*… Elle est même utilisée par les pianistes pour s’accompagner à la main gauche !

*Prenez garde à ce que les instruments aient des timbres et volumes sonores proches pour obtenir un son équilibré.

Ce voicing magique, c’est la position serrée (aussi appelé position fermée, closed voicing en anglais).

Qu’est-ce qu’un voicing en position serrée (ou position fermée) ?

Un voicing en position serrée est caractérisé par :

  • L’intervalle entre la note supérieure et la note inférieure du voicing inférieur à une octave (dans le cas d’un accord à 4 sons) ;
  • L’intervalle entre deux notes de l’accord ne dépassant pas la 3ce.

Voici un accord à 4 sons disposé en position serrée :

Voici le même accord disposé d’une autre manière :

Cette seconde position ne répondant pas aux critères énoncés ci-dessus, on la qualifiera d’« ouverte ».

Le voicing en position serrée convient particulièrement aux accords à 4 sons, qui fourmillent dans les grilles des standards jazz.

C’est parti, harmonisons une mélodie pour 4 voix grâce à ce voicing :

Comment harmoniser une mélodie avec des voicings en position serrée ?

Nous allons harmoniser pour une section de 4 trompettes ce segment mélodique (je vous en révèlerai la source en fin d’article) :

La grille est un ii V I en Fa majeur. La mélodie comprend les notes des accords an arpèges.

Maintenant, imaginez que vous ayez une section de 4 trompettistes en face de vous, et que vous deviez leur faire jouer cette mélodie ensemble, en l’harmonisant. Qu’allez vous leur faire jouer ?

La première étape est d’assigner les notes de votre mélodie à la première trompette, celle qui va jouer la note la plus aigüe. Il est primordial que votre mélodie soit en haut de votre voicing afin de ne pas être noyée sous les autres voix. De cette manière, l’auditeur la percevra comme la voix la plus importante :

Ensuite, nous allons décider d’harmoniser en homorythmie, tous les instruments auront le même rythme.
Cette manière d’harmoniser est fréquemment utilisée en swing. Une fois que vous la maîtriserez, vous pourrez expérimenter en faisant évoluer une ou plusieurs voix séparément des autres.

Pour un rendu cohérent, vous allez décider d’harmoniser tout (ou du moins en majorité) votre segment mélodique avec un voicing précis. Ici, nous allons utiliser la position serrée, mais il en existe beaucoup d’autres (drop 2, en 4tes, unisson, etc…).

Enfin, intéressez vous à votre première note, et posez-vous ces questions :

  • Cette note fait-elle partie de la tétrade de l’accord sur lequel elle est jouée ?
  • Si elle est positionnée en fin de mesure, fait-elle partie de la tétrade de l’accord suivant (auquel cas, c’est une anticipation) ?

Si :

  • Oui, alors assignez aux 3 autres instruments les notes de l’accord en faisant attention à ce que le voicing respecte les critères de la position serrée ;
  • Non, faites appel aux techniques d’harmonisation que nous allons voir ci-dessous ;

La première note du segment, Do dièse, est située en fin de mesure, mais ne fait pas partie de la tétrade de l’accord de la mesure suivante G-7.
Nous allons voir dans un instant comment l’harmoniser, intéressons-nous à la suivante, la note Ré.

Cette note fait bien partie de l’accord G-7. Ainsi, nous allons pouvoir écrire pour la trompette 2 la note inférieure de G-7 la plus proche de cette note supérieure. De bas en haut, G-7 = Sol, Si bémol, Ré, Fa, ce sera donc la note Si bémol.

La trompette 3 va, elle, jouer la note inférieure de la tétrade la plus proche de la note jouée par la trompette 2 (Si bémol), ce sera donc Sol. La trompette 4 jouera la note la plus proche de celle de la trompette 3 (Sol), donc Fa.

Cela donne de bas en haut Fa, Sol, Si bémol, Ré, le 3e renversement de la tétrade de G-7.

Attelons-nous à la 2nde note de la mélodie, la note Si bémol.

Cette note fait-elle partie de l’accord G-7 ? Oui, c’est sa 3ce.

  • Notre trompette 2 va donc jouer la note inférieure de la tétrade la plus proche, soit Sol ;
  • La trompette 3 va jouer la note inférieure de la tétrade la plus proche, soit Fa ;
  • Et la trompette 4 la note inférieure de la tétrade la plus proche, Ré.

Allez-y, saisissez-vous de papier à musique, d’un crayon, et faites de même pour les autres notes de la mélodie. Laissez de côté pour l’instant la dernière note de la 1re mesure, et la 3e note de la 3e mesure.

Voici la correction :

Avez-vous la même chose que moi ? Remarquez qu’en connaissant bien les notes des accords, vous pouvez harmoniser très vite, sans avoir besoin de trop réfléchir. Est-ce que ça sonne ?

Oui, impeccable, ce sera encore mieux avec les 3 notes restantes !

Remarquez au passage que nos notes harmonisées n’ont pas forcément les fondamentales des accords en notes la plus graves, ce sont pour la plupart des renversements. L’harmonie reste compréhensible car un instrument encore plus grave s’assure de jouer la fondamentale des accords : la contrebasse.

Ce système d’harmonisation est donc particulièrement adapté à ce contexte d’une section accompagnée d’une rythmique (comportant une basse). Si nous avions seulement un quatuor de cuivres, nous nous y prendrions autrement pour que l’harmonie reste compréhensible.

Allez, harmonisons les 3 notes restantes grâce à trois techniques d’harmonisation incontournables :

1. L’approche chromatique

Comme son nom l’indique, l’approche chromatique est réservée à une note approchant chromatiquement une autre. Elle consiste à harmoniser de manière similaire l’approche et la note cible, tout en transposant les notes de l’approche pour obtenir un effet de parallélisme.

Prenons la première note de la mélodie :

Dans ce contexte, ce Do dièse est une approche chromatique descendante de la note suivante, la note Ré. Cette dernière faisant partie de l’accord G-7, nous l’avons harmonisée précédemment.
Pour harmoniser la note d’approche, reprenons l’harmonisation de la note ciblée et transposons-la un demi-ton en-dessous.

  • Harmonisation de la note cible (de haut en bas) : Ré, Si bémol, Sol, Fa.
  • Harmonisation de l’approche chromatique (un demi-ton en-dessous) : Do #, La, Fa #, Mi.

Cela fonctionne parfaitement.

Cette technique peut vous tirer d’affaire, mais elle est à utiliser avec parcimonie ! Trop présente dans votre harmonisation, elle brouille les pistes et créé une tension peu nécessaire entre ce que joue votre section de solistes et la section rythmique.

2. L’approche diminuée

J’ai détaillé dans mon dernier article l’harmonisation de la gamme be-bop et la technique de l’approche diminuée qui en découle.
Si vous l’avez lu, alors vous savez déjà comment harmoniser la 3e note de la 3e mesure.
Sinon, voici de quoi il s’agit :

Dans une mélodie, toute note ne faisant pas partie de la tétrade de l’accord sur laquelle elle est jouée mais faisant tout de même partie de la tonalité d’où provient l’accord peut être harmonisée avec un accord diminué.

Ici, la note Si bémol ne fait pas partie de la tétrade de F6, mais elle est tout de même diatonique à la tonalité de Fa majeur. Nous allons donc l’harmoniser avec un accord diminué :

3. Les rootless voicings ou positions serrées sans fondamentale

Attaquons-nous à la note restante. C’est un Ré sur l’accord de C7, par rapport à cet accord, cela correspond à sa 9e, une extension.

Je passe rapidement sur ces notions car je les détaille longuement dans mon cours complet Harmonie Jazz : de la Théorie à l’Improvisation, mais les extensions sont les 9e, 11e, et 13e d’un accord.
Leurs altérations sont déterminées par les modes desquels ont tire les accords.

La 9e correspond à la 2nde de la gamme du mode correspondant à laquelle on ajoute une octave, la 11e à la 4te + une octave, et la 13e la 6te + une octave.

Par exemple, notre C7, dans la tonalité de Fa majeur est le Ve degré de mode mixolydien. La 9e de C7 correspond à la 2nde note de la gamme de Do mixolydien, Ré. Ainsi, un C9 ressemblera à ceci :

Remarquez que ce voicing basique est une position serrée ! Pourrait-on l’utiliser pour terminer l’harmonisation de notre mélodie ? Malheureusement, cet accord a 5 sons, cela ne colle pas avec notre instrumentation. Nous pouvons au choix :

  • Rajouter un instrument à notre section ;
  • Enlever une note à l’accord ;

La première option étant difficilement envisageable, nous allons recourir à la seconde. Mais de quelle note se passer ?

Tout dépend de notre instrumentation. Si notre groupe comprend un·e bassiste, alors il·elle joue déjà la fondamentale de l’accord, nous pouvons donc nous en débarrasser.

Et si jamais nous décidions d’ajouter également la 13e à notre voicing ? Alors il faut éjecter la 5te qui n’apporte pas d’informations cruciales quant à la couleur de l’accord.
(Attention toutefois si jamais la 5te est altérée comme pour un accord #5 ou b5, dans ce contexte, elle est très importante !).

Revenons à nos moutons, harmonisons notre Ré avec les notes de C9, sans la fondamentale, les voici : (Do), Mi, Sol, Si bémol, Ré.

Nous aurons donc :

  • TP1 : Ré ;
  • TP2 : Si bémol ;
  • TP3 : Sol ;
  • TP4 : Mi.

Et voilà ! Notre mélodie est intégralement harmonisée selon un système cohérent, simple et rapide à manier.

L’exemple type : Four Brothers

Si l’harmonisation à l’aide des voicings en position serrée vous intéresse, alors ne cherchez plus. Voici l’exemple parfait de ce que l’on peut faire avec ce voicing : le thème Four Brothers de Jimmy Giuffre.

Conçu spécialement pour la section de saxophones du big band de Woody Herman dont Giuffre tenait le baryton, ce thème est intégralement harmonisé à 4 voix en position serrée. Écoutez comme le son de la section est cohérent et dynamique :

Avez-vous remarqué ? Le segment mélodique que j’ai utilisé dans mes exemples ci-dessus est la première phrase du B !

La voici, isolée et ralentie :

Constatez que, même si j’ai transposé mon exemple en Fa pour que l’article reste accessible, l’harmonisation originale est similaire la nôtre. En réutilisant les techniques d’harmonisation que je vous montre ci-dessus, vous ferez sonner vos arrangements comme les plus grands morceaux de jazz !

/!\ À lire attentivement avant d’utiliser les voicings en position serrée !!

  1. Harmoniser avec des voicings en position serrée ne convient pas à un tempo lent, cela va donner un effet pataud, il faudra arranger votre morceau d’une autre manière.
    Ce voicing est particulièrement approprié aux tempos medium, et même aux tempos rapides (voir Four Brothers, ci-dessus).
  1. Attention également à bien respecter les registres de vos instruments ! Il serait dommage de leur écrire des notes trop hautes ou basses…
    Bien connaître la tessiture des instruments pour lesquels vous arrangez vous évitera des surprises au moment de faire jouer votre morceau. Transposez-le dès le départ si votre mélodie est trop haute/basse pour les instruments qui le joueront.
  1. Le voicing en position serrées ne sonne plus quand votre note la plus haute dépasse le Mi 5 (le Mi du haut de la clé de Sol), et quand votre note la plus basse est en-dessous du Mi 3 (le Mi du haut de la clé de Fa). Il vous faudra recourir à d’autres modes d’harmonisation (dites-moi en commentaire si le sujet vous intéresse !).
  1. Quand le tempo est rapide, pour assurer une harmonisation limpide, veillez à utiliser des voicings simples (sans trop d’extensions, évitez les voicings en position serrée sans fondamentale).

Résumons ce que nous avons appris sur les voicings en position serrée/fermée !

Dans cet article, nous avons appris à harmoniser une mélodie pour une section de 4 instruments en utilisant les voicings en position serrée/fermée.

Un voicing en position serrée est caractérisé par :

  • L’intervalle entre la note supérieure et la note inférieure du voicing inférieur à une octave ;
  • L’intervalle entre deux notes du voicing ne dépassant pas un intervalle de 3ce.

Quand vous harmoniserez une note de la mélodie, posez-vous cette question :
Cette note fait-elle partie de la tétrade de l’accord sur lequel elle est jouée (ou anticipe-t-elle l’accord suivant) ?

Si oui, alors assignez à votre premier instrument la note de la mélodie, et aux 3 autres les notes de la tétrade de l’accord (en faisant attention à ce que le voicing respecte les critères de la position serrée).

Si non, choisissez entre ces 3 techniques d’harmonisation, si :

  • La note en question est une approche chromatique de la note suivante, recopiez l’harmonisation de cette dernière en la transposant pour créer un effet de parallélisme ;
  • Cette note est diatonique à la tonalité d’où est tiré l’accord, utilisez l’approche diminuée en l’harmonisant avec un accord diminué ;
  • La note est une extension de l’accord, utilisez un rootless voicing ou voicing en position serrée sans la fondamentale (si votre groupe contient un·e bassiste !) ;

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Image de couverture : Portrait of John Chance, Paul Kashian, Nick Travis, Chuck Genduso, Joe Ferrante, and Curly Broyles, Hotel Commodore, Century Room, New York, N.Y., ca. Jan. 1947. Photograph by Gottlieb, William P.

Harmoniser une mélodie super facilement grâce à la Gamme Be-Bop ?

Imaginez : Vous venez de composer un morceau, vous êtes particulièrement satisfait.e de sa grille d’accords et de sa mélodie, et voudriez le faire jouer à vos camarades d’atelier Jazz.

Problème : L’instrumentation de votre groupe est composée d’une flûte, deux trompettes, un trombone, et la rythmique. Ce serait dommage que tous ces instruments jouent la mélodie à l’unisson… Pas le choix, il faut arranger votre morceau en harmonisant sa mélodie.

Vous voilà dans une fâcheuse posture, vous n’avez jamais écrit pour une telle instrumentation !
Vous vous préparez à passer de longues heures à souffrir devant votre piano, à peiner pour composer de nouvelles voix et les répartir aux différents instruments…

Et si je vous disais que la Gamme Be-Bop peut vous sortir de ce pétrin ? Que son harmonisation donne un système magique, simple à utiliser et pouvant servir en toutes circonstances (arrangements, accompagnements, mélodies en accords…) ?

Découvrons tout cela ensemble.

Avant toutes choses :

Dans cet article, nous allons prendre le cas de figure d’un arrangement à 4 voix, nous manipulerons avec cette instrumentation des voicings plus cohérents et faciles à prendre en main qu’à 2 ou 3 voix.
C’est de loin la manière la plus simple de débuter l’arrangement en jazz, faites-moi confiance !

De plus, nous allons nous restreindre à des voicings en positions serrées (closed voicings).
Ce terme signifie que :

  • L’intervalle entre la note inférieure et supérieure du voicing est inférieur à une octave ;
  • L’intervalle entre chaque note ne dépasse pas une tierce.

Voici un exemple de voicing en position serrée :

Enfin, toutes les voix seront homorythmiques, elles auront exactement le même rythme.

Certes, cette manière d’écrire est contraignante, mais elle est très fréquente dans la musique de la Swing Era, les arrangements pour Big Band, etc… C’est la base, il faut que vous la maîtrisiez !

Passons au vif du sujet.

La Gamme Be-Bop

Pour une découverte complète de la Gamme Be-Bop, voir cet article.

Les Gammes Be-Bop sont des gammes basiques comme la gamme majeure ou le mode mixolydien auxquelles on ajoute un chromatisme.
Comme je l’explique dans l’article cité ci-dessus, ce sont des gammes à 8 notes, ce qui se révèle pratique pour créer de longues phrases en croches comme aiment le faire les Boppers.

Ici, nous allons nous intéresser à deux gammes Be-Bop, la gamme Be-Bop Majeure et la gamme Be-Bop mineure.

La gamme Be-Bop Majeure est la gamme Majeure (aussi appelée mode ionien) à laquelle on a ajouté un chromatisme, la 6te mineure :

On joue cette gamme sur les accords maj7 ou 6, comme le Ier ou le IVe degré d’une tonalité majeure.

La gamme Be-Bop mineure est une gamme mineure de mode mineur mélodique à laquelle on a ajouté un chromatisme, la sixte mineure :

On joue cette gamme exclusivement sur les accords mineurs de couleur 6 ou min-maj7, des couleurs que portent le ier degré de la tonalité mineure, par exemple.

Comme telles, ces gammes ne vont pas vous être d’une grande aide pour harmoniser votre morceau, mais attendez de voir la suite.

L’harmonisation de la gamme Be-Bop Majeure

Prenons notre gamme Be-Bop Majeure (ici en Do) et construisons des accords à 4 sons ayant pour fondamentales chacune de ses notes. Pour construire ces accords, nous allons monter notre gamme à partir de notre fondamentale, prendre une note sur deux et les empiler. En suivant strictement cette logique, voici ce que ça donne :

Première surprise, vous voyez que ces 8 accords peuvent être réduits à seulement deux :

  1. L’accord C6 et ses différents renversements ;
  2. L’accord de (« Ré diminué ») et ses différents renversements.

Harmoniser à partir des fondamentales Do, Mi, Sol, et La donne un renversement de C6.
Harmoniser à partir des fondamentales Si, Ré, Fa, La b donne un renversement de D°.

Or, les notes Do, Mi, Sol, et La sont les Fondamentale, 3ce, 5te et 6te de l’accord C6. C’est précisément sur cet accord qu’on choisit d’utiliser la gamme Be-Bop de Do !

Écoutez maintenant l’enchaînement de ces différents accords, quand on monte la gamme par exemple :

Tout paraît s’enchaîner logiquement, de manière fluide… Avez-vous deviné pourquoi ?

En fait, tout vient de l’alternance de nos deux accords, C6 et D°.
D° (Ré, Fa, La b, Si) équivaut à un renversement de B° (Si, Ré, Fa, La b). Cet accord est en fait le viie degré de la tonalité de Do mineur, un accord de fonction dominante (plus d’infos sur ce degré dans mon cours complet sur l’Harmonie Jazz).
Or, tout accord de fonction dominante tend l’harmonie et veut se résoudre sur un accord de Ier degré, dans un mouvement de cadence parfaite.

L’harmonisation de la gamme Be-Bop pouvant être réduite à l’alternance des renversements des accords C6 et B°, elle fait entendre la cadence parfaite vii° -> I à de multiples reprises.

Mais que faire de toutes ces informations théoriques ?

Comment utiliser concrètement l’harmonisation de la Gamme Be-Bop ?

Prenons les premières mesures du thème There Will Never Be Another You, dans la tonalité de Ab Maj :

La mélodie évolue sur le premier degré, un accord majeur, Ab6, c’est donc l’endroit parfait pour l’harmoniser grâce à la gamme Be-Bop de Ab Majeur :

Écrivons dans un premier temps l’harmonisation de cette gamme :

Remarquez qu’ici, les accords qui s’alternent sont Ab6 et G° (sous leurs différents renversements).

Repérerons maintenant dans la mélodie chaque note appartenant à l’accord de Ab6, soit La b, Do, Mi b, et Fa. Nous allons harmoniser ces notes en utilisant les différents renversements de Ab6 comme écrit ci-dessus.

/!\ Nous voulons que la mélodie soit la note la plus haute de notre voicing, afin qu’elle ressorte et soit comprise par l’oreille de l’auditeur comme la voix principale.

Commençons par la première note, Mi b. Mi b est-elle une note de Ab6 ? Oui, c’est la 5te, c’est donc une note que nous allons harmoniser avec un renversement de Ab6. Cherchons dans l’harmonisation de la gamme Be-Bop de Ab Majeur un accord qui ait pour note supérieure Mi b. Il s’agit du 7e, Ab6/F, soit de haut en bas : Mi b, Do, La b, F.

Écrivons maintenant cette harmonisation en-dessous de notre première note. Voilà, notre premier accord est écrit !

Prenons la seconde note, Fa. Elle est également comprise dans Ab6. Allez-y, essayez de l’harmoniser en répétant les étapes ci-dessus. Voici le résultat :

La troisième note, Sol, n’est en revanche pas comprise dans l’accord de Ab6. Nous allons donc l’harmoniser à l’aide d’un accord diminué (qui correspondra au final à un renversement de G°).

Astuce : Les accords diminués sont uniquement constitués d’intervalles de 3ces mineures. Donc, ne réfléchissez pas, prenez votre note supérieure et harmonisez par intervalles de tierces mineures descendantes, et vous aurez votre accord !

Dans notre exemple : Sol -> Mi -> Do# -> A# (ou enharmoniquement Sol -> Fa b -> Ré b -> Si b).

Voici l’intégralité de la première phrase de There Will Never Be Another You harmonisée de cette manière :

(Remarquez que j’ai réinterprété le rythme afin que l’arrangement sonne plus « jazz »)

(Pour plus de clarté, j’indique les accords diminués en rouge, comme ci-dessus)

Ça sonne super non ? Et si vous y prêtez attention, chacune des voix séparées écrites grâce à ce système a un tracé cohérent par rapport à la mélodie, et va être par conséquent jolie et facile à jouer.
Tout ça, sans trop se fouler !

Attention, cette méthode a des limites !

En effet, cette méthode d’harmonisation ne fonctionne que si la mélodie s’appuie sur les notes de la tétrade de votre accord majeur (spécifiquement ses Fondamentale, 3ce, 5e et /!\ 6te).

Si votre mélodie met en valeur la 7e ou les extensions (9e, 11e, 13e), donc des notes que vous allez harmoniser avec des accords diminués, cela ne va pas sonner car cette couleur va s’opposer à la vraie couleur de l’accord.

Exemple avec le morceau Girl From Ipanema, dont la mélodie joue sur les 9e et 7e du Ier degré :

Voici l’harmonisation grâce à la Gamme Be-Bop de Ab Majeur :

… Ce n’est vraiment pas beau ! Il faut donc l’harmoniser autrement :

(Oups ! Dans mon audio, j’anticipe le 2nd temps de la 2nde mesure, ne m’en tenez pas rigueur !)

Jetons maintenant un œil à l’harmonisation de la Gamme Be-Bop mineure.

L’harmonisation de la gamme Be-Bop mineure

Prenons la gamme Be-Bop mineure de Do :

Construisons maintenant des accords à 4 sons à partir de chacune de ses notes, en empilant par-dessus des notes de la gamme prises par intervalles de tierces :

Là encore, nous pouvons réduire les 8 accords à seulement 2 :

  1. L’accord C-6 et ses différents renversements ;
  2. L’accord de D° (ou B°) et ses différents renversements.

Écoutez le son de l’enchaînement des différents à accords :

Nous retrouvons nos enchaînements de fonctions tonique et dominante, nos cadences parfaites.

Essayons d’harmoniser une mélodie grâce à cette gamme. Prenons le thème Jordu, ici en Sol mineur :

Le début de la mélodie évolue sur un accord de Sol mineur, de couleur 6, c’est le premier degré de la tonalité. Nous pouvons donc l’harmoniser grâce à la Gamme Be-Bop de Sol Mineur.

Toute note de la mélodie appartenant G-6 soit Sol, Si b, Ré, Mi, sera harmonisée avec un renversement de G-6. Toute note de la mélodie ne faisant pas partie de G-6 sera harmonisée avec un accord diminué.

Rappelez-vous, les notes de la mélodie sont les notes supérieures de nos voicings. Il faut donc :

  • Pour chaque note faisant partie de G-6 trouver dans l’harmonisation de la gamme Be-Bop l’accord ayant cette note en haut du voicing, et l’harmoniser ainsi ;
  • Pour chaque note ne faisant pas partie de G-6 écrire un accord diminué en descendant par intervalles de tierces mineures.

Faites-le de votre côté avant de regarder ma correction ! Voilà le résultat :

Attention ! Encore une fois, si votre mélodie met en valeur la 7e ou les extensions, l’harmonisation grâce à la gamme Be-Bop mineure ne va pas bien sonner.

Généralisation de l’approche diminuée

Bon, la méthode de l’harmonisation grâce à la gamme Be-Bop est très utile, mais elle est tout de même limitée !
En effet, on n’utilise la gamme Be-Bop Majeure que sur les accords 6 ou Maj7, et la gamme Be-Bop mineure sur les accords min6 et min-maj7.

Comment harmoniser les mélodies évoluant sur les autres accords, les couleurs -7, 7… ?

Et si je vous disais que les accords diminués allaient encore une fois nous tirer d’affaire ?

Lisez bien ce qui va suivre : De manière générale, toute note de votre mélodie étrangère à la tétrade de l’accord sur lequel elle est écrite peut être harmonisée avec un accord diminué.

Et, rappelons-le : Toute note de votre mélodie appartenant à la tétrade de l’accord sur lequel elle est écrite peut être harmonisée grâce aux notes de cet accord.

Avec un exemple, ce sera plus clair :

Prenez la suite de There Will Never Be Another You, les mesures 5, 6 et 7 :

L’accord de la mesure 5 est un F-7, le vie degré. Ce n’est ni un accord majeur ni un accord mineur 6, nous ne pouvons donc pas utiliser les Gammes Be-Bop pour l’harmoniser.

Cependant, nous allons isoler dans la mélodie les notes qui font partie de la tétrade de F-7, à savoir les notes Fa, La b, Do, et Mi b.
La mélodie contient les notes La b, Do, et Mi b. Nous allons pouvoir harmoniser ces notes tout simplement avec les notes de notre accord, F-7. Prenez bien soin de mettre la mélodie en note supérieure de vos voicings, et de répartir les notes pour que l’accord reste en position serrée.

Cependant, il nous reste la note Si bémol à harmoniser. Si bémol ne fait pas partie de l’accord sur lequel elle est écrite, par conséquent, nous allons l’harmoniser avec un accord diminué :

Et voilà, ça fonctionne parfaitement. Remarquez que j’ai procédé de la même manière pour l’accord suivant, Bb7. Le Mi b de la mesure 7 ne faisant pas partie de l’accord, je l’ai harmonisé avec une couleur diminuée.

Bien entendu, harmoniser ainsi ne fonctionne pas dans tous les contextes, faites confiance à vos oreilles pour distinguer ce qui sonne de ce qui ne sonne pas.

Si, dans votre mélodie, des notes ne faisant pas partie de l’accord approchent des notes faisant partie de l’accord, dans le cadre de la montée/descente d’une gamme par exemple, cela va particulièrement bien fonctionner. C’est pour cela qu’on appelle communément cette technique l’approche diminuée.

Et maintenant, à vous de jouer ! Voici un exercice pour vous entraîner.

Dans cet article, nous avons vu comment harmoniser une mélodie évoluant sur un accord majeur ou mineur grâce aux Gammes Be-Bop.
Sur ces accords : toute note de la mélodie étant une note de la tétrade de l’accord de couleur 6 (Fondamentale, Tierce, Quinte, ou Sixte) sera harmonisée grâce à un renversement de l’accord 6.
Toute note de la mélodie ne faisant pas partie de l’accord de couleur 6 sera harmonisée avec un accord diminué.

Vous pouvez élargir cette règle à tout type d’accord : Harmonisez toute note de la mélodie faisant partie de l’accord en question avec les notes de la tétrade de l’accord, et toute note ne faisant pas partie de l’accord avec un accord diminué.
Les notes ne faisant pas partie de l’accord servant souvent de notes d’approche aux notes de l’accord dans les mélodies de jazz, on appelle cette technique l’approche diminuée.

Attention cependant, si votre mélodie met en valeur la 7e ou les extensions, il faut changer de mode d’harmonisation pour ne pas vous retrouver avec des couleurs diminuées envahissantes.

Voyons si vous avez tout compris ! Prenez cette mélodie que j’ai composée sur la première section de la grille du standard All of Me, et harmonisez-la en utilisant l’approche diminuée et seulement les notes des accords :

Voici ma correction, et l’audio pour entendre le résultat final :

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Image de couverture : Posed photo portrait of American jazz bandleader and pianist Count Basie, seated at the piano, in 1955. Photograph by James J. Kriegsmann. Distributed by Willard Alexander, Inc. Domaine public.

Notation d’accords : 7#5 ou 7b13 ? L’erreur à ne surtout pas commettre

Trop, c’est trop !!
S’il y a bien une chose qui m’énerve au plus haut point avec le Realbook, ce sont les nombreuses erreurs de notation d’accords qu’il renferme. Improviser sur les grilles des standards est déjà une discipline complexe, si, en plus, la notation d’accords se révèle trompeuse… Bonjour les dégâts. Quand je pense à combien de Jazzmen.women en herbe se sont sentis démunis devant autant de difficulté…

Alors ça suffit, aujourd’hui, attaquons nous au coeur du problème, en dissipant une fois pour toute la confusion entre les accords de couleur 7#5 et 7b13 !

7#5 ou 7b13 : D’où provient la confusion ?

Posons les bases. Voici un accord de couleur 7#5 :

Cet accord est de couleur 7, avec une quinte augmentée, voici son échelle d’intervalles complète : Fondamentale, 3ce majeure, 5te augmentée, 7e mineure.
On chiffre aussi cet accord 7aug, ou 7+.

Voici maintenant un accord 7b13 :

Cet accord est de couleur 7 avec une extension, la 13e mineure, son échelle complète est la suivante : Fondamentale, 3ce majeure, 5te juste, 7e mineure, 13e mineure.

Nous avons d’un côté une tétrade, et de l’autre un accord à 5 sons. À priori, pas de raison apparente de les confondre, donc… Mais c’est oublier qu’en pratique, on joue souvent un accord de couleur 7 sans sa quinte, et 7b13 n’échappe pas à la règle :

Un accord 7b13(no5) (sans la quinte, donc) est donc exactement la même chose, enharmoniquement parlant, qu’un 7#5. En effet, la quinte augmentée et la sixte ou treizième mineure sont enharmoniques, elles ont la même hauteur, jouées sur la même touche d’un piano. Si nous juxtaposons ces accords, nous n’entendons pas de différence entre les deux :

Vous voyez mieux pourquoi on a vite fait de les confondre ?

Mais quel est le problème, au juste ?

Comme nous allons le voir, les accords 7#5 et 7b13 ne proviennent pas du tout des même modes ! Et, en plus d’être théoriquement incorrect, écrire par erreur un accord 7#5 à la place d’un 7b13 peut mener à de la perplexité au moment de déchiffrer la grille, si nous sommes habitués.ées à la bonne notation.

Étudions cela de plus près.

7#5 , qu’est-ce que c’est ?

Si on essaye de reconstituer un mode à partir des notes de l’accord 7#5, on se rend compte qu’il nous manque quelques informations. Les modes ayant traditionnellement 7 notes, nous n’en avons ici que 4 :

Cependant, c’est assez pour deviner le mode qui se cache derrière cette notation. Vous l’avez ?

En fait, la réponse se trouve au niveau de la 6te. En effet, entourée par les 5te augmentée et 7e mineure, notre 6te ne peut qu’être majeure. Or, avez vous déjà entendu un mode qui se termine comme ceci ?

Ce n’est vraiment pas beau, aucune gamme utilisée en jazz ne se finit ainsi ! Il ne nous reste donc qu’une seule solution, radicale : se débarrasser de la 6te !!!

Voici le résultat. Voyez-vous où je veux en venir ?

Si on ajoute une 9e majeure et une 4te augmentée à ce mode, cela nous donne… La gamme par tons !

Si vous ne la connaissez pas déjà, vous vous souviendrez facilement de la gamme par tons. L’intervalle entre ses notes conjointes est toujours le même : 1 ton !

Voilà donc d’où proviennent les accords 7#5 (ou 9#5, 9#5#11 si on ajoute les extensions).

Quelle est la bonne manière d’utiliser l’accord 7#5 ?

La gamme par tons est peu utilisée en jazz.
Voici un des rares contextes où son utilisation est requise :
L’enrichissement d’un accord 7 avec par dessus une mélodie contenant une 2nde (ou 9e) majeure et une 5te augmentée.

C’est le cas à la fin du B du standard I’ll Be Seeing You :

Par ailleurs, la gamme par tons est présente dans la musique de Duke Ellington, Art Tatum, Thelonious Monk… Des jazzmen ayant multiplié les expériences harmoniques pour repousser les limites du swing.

Si vous souhaitez utiliser la gamme par tons dans un arrangement ou une composition, soyez bien clair dans votre notation. Précisez la nature complète de l’accord, soit 9#5(#11), ou 7#5 avec la mention « gamme par tons » au-dessus.

Maintenant que vous êtes familier.ère avec la couleur 7#5, qu’en est-il des accords 7b13 ?

7b13, qu’est-ce que c’est ?

Si vous avez lu mes articles sur la tonalité mineure, cette couleur doit vous dire quelque chose… Généralement, 7b13 est le diminutif de 7b9b13, une couleur qui provient du mode mixolydien b9b13 :

Ce mode est joué basiquement sur les Ve degrés de tonalité mineure, et donne une couleur 7b9b13, plutôt tendue.

Ceci en tête, prenez par exemple la partition de Cheesecake, une sorte de blues mineur enrichi composé par Dexter Gordon. Prêtez une attention toute particulière aux accords 7, notamment.

(Je précise que nous sommes en Do mineur, D-7b5 est le second degré et G7 le cinquième.)

Ne voyez-vous pas ce qui cloche ??

… Pour tous les ii V i mineurs, le Ve degré a une couleur +7 (une autre notation pour 7#5), et non 7b13 ou 7b9b13 !

C’est un problème, car si vous écoutez le disque, les musiciens ne jouent absolument pas la gamme par tons à ces endroits !

De plus, jetez un oeil à la 2e mesure : la mélodie contient une quinte juste ! L’accord écrit au-dessus ne peut donc pas être une couleur 7#5 (qui implique une quinte augmentée !), c’est forcément une erreur.

Donc, à chaque fois que vous croiserez un accord 7#5 dans une grille, posez-vous cette question :

« Quelle est la fonction de cet accord ? »

Si c’est un Ve degré de tonalité mineure, alors la notation 7#5 est presque forcément une erreur, et il faut que vous corrigiez la partition avant d’improviser/accompagner.

Pour éviter toute confusion, dans vos arrangements et compositions, notez 7b9b13 voire simplement 7b9 pour désigner un Ve degré mineur.

Qu’en est-il des accords 7#5#9, alors ?

En faisant mes recherches, j’ai aussi rencontré dans certaines grilles des accords 7#5#9, ou même 7#5b9.
Ces accords sont aussi des aberrations de notation, mais concernent cette fois-ci le mode Altéré.

Si vous avez lu mon E-book gratuit Les Fiches d’Identité des Modes, vous connaissez le mode Altéré. On l’utilise en substitution du mode mixolydien b9b13 pour jouer les Ve degré de tonalité mineure.

Comme je l’avais aussi expliqué dans cet article, son échelle d’intervalle originelle a besoin d’être retravaillée pour correspondre à son utilisation en jazz.

Ainsi, d’un mode mineur comportant une 4te diminuée…

… Il devient un mode majeur, la 4te diminuée correspondant enharmoniquement à une 3ce majeure :

(J’avance rapidement sur ce sujet, si vous avez besoin que je vous l’explique plus en détail, consultez mon cours complet sur l’Harmonie Jazz)

Si nous construisons un accord à partir du mode Altéré, nous aurons une couleur 7b9#9#11b3 (sans quinte). Pour simplifier ce véritable numéro de téléphone (!), les jazzmen utilisent l’abréviation « 7alt ».

Imaginons quelques secondes que vous ayez une forte envie d’intégrer le mode Altéré à une de vos compositions, avec une couleur 7#9b13 :

Imaginons maintenant que vous ne connaissiez pas forcément les subtilités du mode Altéré, et que vous ayez simplement écrit cet accord en le trouvant à l’oreille… Comment le chiffreriez-vous ?

Eh oui, en n’ayant que ces cinq notes en tête, vous noteriez 7#5#9, en corrigeant au passage votre voicing pour qu’il colle au chiffrage (la note La bémol devenant Sol dièse, dans mon exemple) :

Or, cette notation ne correspond à aucun mode ! Vous allez être bien embêté.e quand vous devrez improviser dessus…

Il vaut donc mieux noter notre accord selon les altérations du mode Altéré (7#9b13). Cela nous facilitera la tâche au moment d’improviser, et nous évitera à terme d’avoir à déchiffrer de nombreuses notations différentes se contredisant entre elles.

De manière similaire, les accords 7#5b9 et 7b5b9 sont également des mauvais chiffrages d’accords tirés du mode Altéré.

La bonne notation ? « 7alt », tout simplement !

7#5 ou 7b13 ? Conclusion

Dans cet article, nous avons vu que la confusion entre les couleurs 7#5 et 7b13 provenait de l’enharmonie entre les #5 et b13 de ces accords.
Nous avons ensuite distingué les différents modes de ces deux accords, et leurs fonctions respectives :

  • La couleur 7#5 provient de la gamme par tons, et peut être utilisée pour enrichir un Ve degré majeur quand la mélodie contient une 9e majeure et une 5te augmentée ;
  • La couleur 7b13 provient du mode mixolydien b9b13, réservée originellement au Ve degré de tonalité mineure.

Donc, quand vous rencontrerez un accord qui porte une couleur 7#5 dans une grille, vérifiez si sa fonction n’est pas un Ve degré de tonalité mineure, et corrigez la notation en fonction.
Pour plus de clarté, notez 9#5(#11) pour un accord venant de la gamme par tons et 7b9 ou 7b9b13 pour un accord tiré du mode mixolydien b9b13.

En outre, les notations 7#5#9, 7#5b9, 7b5b9 sont des erreurs de chiffrage d’accords construits à partir du mode Altéré. À noter simplement 7alt.

Voilà, j’espère que cet article a clarifié beaucoup de choses pour vous et qu’il vous évitera des mauvaises surprises au moment d’improviser sur les grilles de jazz. Improviser est avant tout un plaisir, ne laissons pas les mauvaises notations d’accord nous gâcher la vie !

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